Trajectoires 2023
19 Bilan d’activité - 2023 La réouverture de la galerie Campana, témoin de l’exceptionnel savoir-faire des métiers d’art du Louvre À la fois lieu de présentation de la presti- gieuse collection de céramique grecque du musée depuis 1863, et monument préservé de la muséographie du 19 e siècle, la galerie Campana, installée dans l’aile sud de la cour Carrée, était pour moitié fermée depuis le début des années 2000, lorsque le risque de crue centennale de la Seine fit remonter dans les étages du palais une partie des collections conservées en réserve inondable. Deux campagnes de travaux entrepris dans le secteur ont permis de travailler à la réouverture complète de la galerie, entièrement rénovée et dotée d’un nouvel accès. Une vocation pédagogique affirmée Conduite sur les années 2022 et 2023, cette rénovation muséographique reprend la partition d’une enfilade de neuf salles le long de la Seine en trois grandes sections. Elle inclut une reconfiguration de la salle 659 qui, désormais ouverte sur la salle des Sept-cheminées, est conçue comme un espace d’introduction à l’ensemble de la galerie aussi bien qu’au vase grec, appréhendé selon deux axes. Le premier s’intéresse à la matérialité de cette céra- mique si emblématique de la Grèce antique, par le biais des techniques de fabrication, de décor ainsi Questions à Côme Fabre, conservateur au département des Peintures Il s’agit d’une restauration spectaculaire. Quel en était l’enjeu? La restauration d’un tel chef-d’œuvre n’est pas qu’une réparation matérielle ; c’est une révolution mentale. La vérité des couleurs, dans leur état de stabilité acquis au terme de deux siècles d’existence, est enfin accessible. Elle nous fait redécouvrir la palette de Delacroix, moins chaude qu’on ne pensait, et la plasticité extraordinaire de l’huile, qui sous son pinceau rivalise tantôt avec le pastel, tantôt avec l’aquarelle. Quelle surprise la restauration vous a-t-elle révélée? Une surprise iconographique a été révélée par l’imagerie scientifique effectuée par le laboratoire du Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF). On s’explique désormais la mystérieuse tache grise verticale sous le drap rose du lit de Sardanapale : il s’agit d’un repentir de l’artiste, qui avait peint un grand lévrier noir, doté d’un somptueux collier d’or ciselé, sautant au bas du lit. Mais il s’est ravisé, peut-être de peur que l’animal n’accapare l’attention ou ne suscite des quolibets. Faute de temps pour l’effacer, Delacroix a finalement peint par-dessus ce chien, dont la silhouette refait surface à mesure que la peinture qui le recouvre vieillit et se craquèle. L’actuelle restauration respectera la décision prise par Delacroix : ainsi qu’il l’a voulu, le lévrier noir restera dissimulé. 9 salles rénovées pour un nouveau parcours autour du vase grec. La restauration de la «Mort de Sardanapale » d’Eugène Delacroix
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