Trajectoires 2023
Préserver, enrichir et transmettre notre patrimoine culturel et naturel Bilan d’activité - 2023 14 Le Panier de fraises , singulier et poétique chef-d’œuvre de Chardin, fait son entrée au musée du Louvre lors d’une campagne record Grâce au soutien déterminant de ses grands mécènes donateurs et à un élan collectif sans précédent dans le cadre de l’opération «Tous mécènes ! », le musée du Louvre a fait l’acquisition du Panier de fraises , œuvre essentielle de Jean Siméon Chardin (1699-1779), mena- cée un temps de quitter la France. Exposée pour la première fois à l’été 1761 au Salon carré du musée du Louvre, c’est l’une des dernières natures mortes du peintre, alors au faîte d’une brillante carrière qui lui vaut une reconnaissance dans toute l’Europe et de prestigieuses commandes royales. Dépouillé et ordonné, Le Panier de fraises se distingue du « beau désordre » des autres toiles de Chardin à cette époque. Le volume dense mais transparent du verre d’eau équi- libre le fragile monument composé par les fruits. L’artiste s’est visiblement attaché au défi de la repré- sentation de cette pyramide d’un rouge intense, à la fois masse compacte et petit édifice instable. Classée Trésor national, cette nature morte, célébrée dès sa création et regardée par les peintres des généra- tions qui ont suivi Chardin, possède un charme et une force uniques qui lui confèrent une place tout à fait à part dans l’ensemble des œuvres de l’artiste. Depuis le milieu du 19 e siècle, le tableau n’a pas quitté la collection des descendants d’Eudoxe Marcille (1814-1890), qui fut l’un des plus grands ama- teurs historiques de l’œuvre de Chardin. Présentée régulièrement dans des expositions au cours du 20 e siècle, la peinture est devenue l’une des icônes de l’œuvre de Chardin et l’un des jalons de l’histoire de la peinture de nature morte occidentale. Exposé au public au musée du Louvre-Lens à partir du 21 mars 2024, Le Panier de fraises pourra être admiré à Paris en juin avant d’être présenté au musée des Beaux-Arts de Brest puis au musée d’art Roger-Quilliot de Clermont-Ferrand à l’automne. LE MOT DE GUILLAUME FAROULT, conservateur en chef au département des Peintures «Pour Diderot, la magie de Chardin est celle-ci: réussir à susciter l’émotion, la fascination, la contemplation avec un sujet qui est le plus simple, le plus humble, voire le plus trivial possible.» «Ô Chardin, ce n’est pas du blanc, du rouge, du noir que tu broies sur ta palette ; c’est la substance même des objets, c’est l’air et la lumière que tu prends à la pointe de ton pinceau et que tu attaches sur la toile. [...] On n’entend rien à cette magie. » Denis Diderot, Salon de 1763
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