La Chaire du Louvre 2024
[...] Et souvent ces ferrailles qui honorent le dieu Gou ce garde du reliquaire des os dont le derme fait matière de ferveurs plus ardentes ce dieu du Nil fléchi sous une éternité ce bronze de l’architecte qui songe aux pyramides et qui voit celle de verre le moaï monumental (corps enfoui dans un manque) qui continue à prendre soin me disent ceci en une constante qui fait supplique dans l’olifant d’ivoire dont l’âme est latérale le Louvre comme lieu-commun-du-monde Renaissance autre possible Renaissance neuve pour tous à tous offerte dans les histoires d’une Relation qui ne saurait que la Beauté. « Le Louvre a inspiré à l’écrivain Patrick Chamoiseau ce poème qu’il a intitulé Renaissance et qui se termine par ces vers. Ces vers qui disent “le Louvre comme lieu-commun-du-monde”, qui parlent d’histoires qui sont au pluriel mais tissent ensemble une “Relation ”, qui invoquent une “Renaissance neuve pour tous”, ces vers donc inspirent à leur tour les cinq conférences du Louvre ici présentées. À une époque où donne de la voix un certain scepticisme sur l’aspiration du musée en général à manifester un universel qui ne soit pas colonial, je lis en effet dans ces lignes de Chamoiseau une manière, lumineuse comme seule la poésie sait l’être, de parler de l’ouverture du Louvre au divers du monde, au “Tout-monde ”, comme dit Édouard Glissant. Le propos des conférences sera d’illustrer cette ouverture, de mettre en regard du scepticisme qui se manifeste tout particulièrement à propos de la question des restitutions une lecture du Louvre comme le lieu d’un universel “latéral” qui n’est pas (ou n’est plus) le récit, dressé de toute sa verticalité, de l’universalisme européen, mais une “Renaissance neuve pour tous et à tous offerte”, toujours en train de se produire dans les rencontres et les traductions entre les collections et les pièces du musée, en un mouvement continu de reconfigurations. Cette lecture autre du Louvre se fera essentiellement depuis le pavillon des Sessions, espace partagé avec le musée du quai Branly-Jacques Chirac, en cours de transformation et qui est, depuis l’an 2000, le foyer des pièces venues d’Afrique, des Amériques, d’Asie et d’Océanie (dont le dieu Gou ou “le moaï monumental” qu’évoque le poème). Elles y sont aujourd’hui à demeure. Elle se fera aussi depuis le département des Arts de l’Islam qui constitue un exemple des mondialisations multiples dont le Louvre est aussi le récit. » Souleymane Bachir Diagne Patrick Chamoiseau, «Renaissance», in 100 poètes d’aujourd’hui. Poésie du Louvre. Recueil , coéditionMusée du Louvre / Éditions Seghers, 2024, p. 47-48.
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