Rapport d'activité 2021

Rapport d’activité - 2021 50 FOCUS : la restauration des papyrus Reverseaux Le musée du Louvre a acheté en décembre 2019 trois papyrus égyptiens qui, en raison de la crise sanitaire, n’ont été ouverts et restaurés qu’entre mai et septembre 2021. Issus de la collection personnelle du comte de Reverseaux, capitaine de la marine royale sous Louis XVIII et Charles X, qui les aurait acquis vers 1823 à Alexandrie, ils sont restés entre les mains de ses descendants jusqu’à nos jours, ce qui explique qu’ils soient demeurés inconnus de la communauté scientifique. Le papyrus Reverseaux I est un manuscrit exceptionnel à tous points de vue. Il se présentait lors de son acquisition comme un rouleau entrouvert de 21 centimètres de largeur sur 70 centimètres de hauteur. Le papyrus était sec et cassant, parsemé de trous d’insectes, altéré par de nombreux plis et froissements. Ève Menei, restauratrice spécialiste du papyrus, a entrepris le déroulement progressif du manuscrit en l’humidifiant par l’intermédiaire d’un matériau poreux humecté à l’arrière et en remettant les fibres à leur place avec une spatule chauffante. Par cette méthode, le papyrus a retrouvé une grande partie de sa souplesse d’origine et repris la forme qui fut la sienne lors de sa fabrication. Le résultat final est spectaculaire puisque le document mesure désormais 21 centimètres de largeur sur... 222 centimètres de longueur. Il s’agit d’un manuel scolaire d’époque ramesside (13 e -11 e siècle av. J.-C.) qui livre une anthologie de scribe, en l’occurrence un recueil de six petits textes classiques ayant trait à la culture générale des administrateurs égyptiens. Deux d’entre eux sont totalement inédits. Ce type de document ne circulant plus sur le marché depuis trois quarts de siècle, son acquisition constitue une chance inespérée pour le musée du Louvre qui n’en conservait jusqu’ici qu’un seul et unique fragment. Le papyrus Reverseaux II est une page de Livre des morts. Il était conservé lors de son entrée au musée entre deux plaques de verre cassé et comportait de nombreux plis et froissements qui en occultaient une partie. Il a été restauré par Aurélia Streri, spécialiste en documents graphiques, avec la collaboration d’Ève Menei, selon les mêmes méthodes d’humidification et de réchauffement des fibres. S’il n’a gagné que quelques centimètres de largeur dans l’opération, il a retrouvé le nom de son propriétaire antique qui était invisible, un certain « scribe Pahérypedjet », et surtout une partie de vignette magnifiquement enluminée figurant deux lions adossés entre lesquels se trouvait à l’origine l’image du soleil. Par la paléographie et le style de la vignette, le document est datable de la fin de la XVIII e dynastie, c’est-à-dire du 14 e siècle avant Jésus-Christ. Le papyrus Reverseaux III est un courrier administratif du règne de Ramsès II, au 13 e siècle avant Jésus-Christ. De même largeur que le papyrus Reverseaux I et roulé de manière très étroite, il avait d’abord été interprété comme une partie détachée de celui-ci. C’est son déroulement par Ève Menei, avec humidification et réchauffement, qui a révélé sa vraie nature. Mesurant désormais 20,4 centimètres de largeur sur 27 centimètres de hauteur, il contient une lettre de onze lignes envoyée par le commandant de bateau Belpouynaït, d’origine étrangère d’après son nom, à un scribe Ramosé pour qu’il veille à la sauvegarde de son navire menacé de désarmement par une administration concurrente. Le verso donne le nom de l’expéditeur et celui du destinataire, à la manière de nos enveloppes modernes.

RkJQdWJsaXNoZXIy NDYwNjIy