Images du Louvre - Dossiers documentaires
La Pietà / Dossier documentaire 4 aborder l’ œuvre La scène représentée réunit cinq personnages : au centre, la Vierge, et, sur ses genoux, le corps de son fils, le Christ mort ; à leurs côtés, saint Jean l’Évangéliste, qui retire la couronne d’épines, et Marie-Madeleine, tenant son vase à parfum ; à notre gauche, un donateur. Ils se détachent, à l’exception du Christ, sur un fond d’or qui couvre un peu moins de la moitié de la partie supérieure du tableau. Le corps du Christ forme un arc autour duquel s’articule toute la composition. Les quatre visages inclinés, féminins et masculins, s’inscrivent dans un demi-cercle. La Vierge est au centre du tableau et forme un axe de symétrie vertical. Les jambes et la taille cambrée, l’angle droit du bras et les doigts recroquevillés des deux mains du Christ révèlent un corps ayant souffert, à la fois relâché et crispé. Les blessures encore sanglantes rappellent son récent martyre. La répartition des couleurs caractérise les personnages : vêtement sombre de Jean et vêtement blanc du donateur, manteau bleu de la Vierge et manteau rouge de Madeleine. Les plages de valeurs mettent en avant le corps cadavérique du Christ, par exemple la clarté de son bras blanc qui ressort fortement sur le bleu sombre du vêtement de la Vierge. Bien que tous les personnages soient représentés à la même échelle, le donateur, les mains jointes, se distingue des acteurs de la scène religieuse. Il occupe le premier plan du tableau et se situe au plan le plus proche du fidèle. Alors que les autres personnages ont les yeux mi-clos, il donne l’impression, par sa position en retrait et par son regard porté vers le lointain, non pas d’assister à la scène mais d’en avoir une vision intérieure. Il est donc à la fois proche et extérieur à cette scène. Il oppose, aux visages qu’il côtoie (visages plutôt conventionnels au regard des représentations de l’époque), le portrait d’un individu : son visage émacié, exposé en pleine lumière, ainsi que la blancheur éclatante de son vêtement accentuent sa présence et sa proximité avec le spectateur, créant de la sorte un lien pour accéder à la scène présentée. Le contraste entre les positions et les attitudes des personnages – le corps martyrisé du Christ, le groupe des trois figures bibliques éplorées en recueillement et la figure bien droite du donateur, en prière – accentue l’intensité de la douleur partagée tout en gardant une retenue, une intériorisation des expressions. À la proximité du drame qui se déroule sous nos yeux et sur terre s’oppose, par contraste et de manière symbolique avec l’éclat de l’or, la promesse du divin. Cette surface dorée est ambivalente en ce qu’elle accueille à la fois la profondeur et la planéité. La profondeur de l’espace est évoquée par la représentation d’une montagne et surtout d’une ville évoquant Jérusalem. La planéité du support est mise en valeur par le fond d’or sur lequel s’inscrivent, d’une part, dans trois auréoles, les noms des protagonistes (Marie, Jean et Madeleine) et, d’autre part, sur le bord longeant le cadre, un extrait des Lamentations de Jérémie : «Ô vous tous qui passez par ce chemin, regardez et voyez s’il est douleur pareille à la mienne. »
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