Images du Louvre - Dossiers documentaires
Taureaux ailés / Dossier documentaire 6 comprendre l’ œuvre une nouvelle capitale pour sargon ii Les taureaux ailés s’inscrivent dans un vaste complexe palatial et urbanistique voulu par le roi Sargon II (721-705). Monarque conquérant, Sargon II étend son empire sur la majeure partie du Proche-Orient, une partie de l’Iran et de l’Anatolie, et reçoit des tributs de rois et princes étrangers, comme celui de Chypre. Il bénéficie d’une armée permanente efficace (cavalerie et archers) et a recours à la déportation de populations pour le maintien de l’ordre. Centré sur le nord de l’actuel Irak, l’Empire assyrien dispose déjà de deux capitales, Assur pour les fonctions administratives et religieuses et Nimrud (ou Kalhu) pour la résidence royale. Pourtant, Sargon II décide de créer une nouvelle ville, Khorsabad (ou «Doûr Sharroukin», la « forteresse de Sargon»), dont le chantier démarre en 717 avant J.-C. Sargon II fait alors de Khorsabad un lieu monumental et un instrument politique d’autoglorification. Le palais est construit sur une butte naturelle qui domine la ville. Il s’étend sur 10 hectares, s’organise en 30 cours et 200 pièces, divisées en 2 parties : le babanou, secteur public, et le bitanou, secteur privé. Plus de 50 taureaux ailés encadrent les 8 portes monumentales de la ville ainsi que celles du palais. Outre ces taureaux, les murs du palais, en brique crue, s’ornent de grandes plaques d’albâtre gypseux, sculptées en bas-reliefs et colorées. On peut notamment y admirer des génies bénisseurs, portant d’une main une situle (récipient muni d’une anse) et de l’autre une pomme de pin ou de cèdre, plongée dans un liquide et qui doit asperger symboliquement le visiteur. À leurs côtés, on voit des héros maîtrisant un lion, souvent assimilés au héros Gilgamesh . On trouve enfin des cortèges de serviteurs et de visiteurs, des porteurs de tributs symbolisant les peuples vaincus, ou encore l’abattage et le transport du bois de cèdre du Liban, indispensable aux ambitions architecturales et urbanistiques des rois assyriens. Autour de la ville, Sargon II fait réaliser un vaste parc composé d’arbres odorants et fruitiers de Syrie et des montagnes, c’est-à-dire les ressources de tout son empire ; les arbres les plus emblématiques restent les cèdres du Liban, dont le transport est raconté sur les bas-reliefs du palais. Khorsabad n’est cependant qu’une capitale éphémère. Consacrée en 707 avant J.-C., elle est abandonnée en 705 avant J.-C., lorsqu’à la mort de Sargon II son fils et successeur Sennachérib choisit un troisième site pour sa résidence ; ce sera Ninive. l’omniprésence du divin Impossible de faire l’impasse sur la question du divin tant elle revêt une place prépondérante dans les civilisations du Proche-Orient ancien. Le roi d’Assyrie est en effet un roi de droit divin ; sa décision de bâtir ne peut donc lui être inspirée que par les dieux ou du moins validée par les oracles. C’est d’abord le cas lors du choix du site de la nouvelle capitale, Khorsabad, à 15 km au nord de Ninive, lorsque Sargon II doit faire entériner cette décision par les dieux. Plusieurs temples ainsi que des terres seront ensuite dédiés aux principales divinités tutélaires (Ea, Sin, Ninourta…) du panthéon assyrien. Pour le plan de la ville, les architectes font en sorte que la longueur totale des murailles (plus de 16 000 coudées) ait la même valeur numérique que celle du nom de Sargon II. Les parties intérieure et extérieure de la muraille sont placées sous la protection de deux divinités et reçoivent des noms magiques destinés à protéger la ville et ses habitants.
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