Images du Louvre - Dossiers documentaires
Taureaux ailés / Dossier documentaire 4 aborder l’ œuvre Les taureaux ailés sont des sortes d’anges gardiens appelés par les Assyriens aladlammû ou lamassu , bien que ce nom soit plus souvent celui de divinités féminines, le terme šedu s’appliquant mieux à une entité masculine. Ces géants de pierre (4,20 m de hauteur pour un poids d’environ 30 tonnes) sont des êtres hybrides qui associent un corps de taureau à des ailes d’oiseau et à une tête humaine. S’y ajoutent des éléments de l’art mésopotamien : une tiare (couronne cylindrique) ornée de motifs floraux et de plumes, surmontée de deux paires de cornes superposées ; le traitement du visage (sourcils en une seule ligne, yeux en amande et bouche ourlée) ; enfin, la barbe et le poitrail, constitués de boucles très régulières et en lignes. Avec leurs cinq pattes, on peut les voir de face, à l’arrêt, ou de profil, en marche. D’un côté, la stabilité de l’empire, de l’autre, la force dynamique des génies. Entre leurs pattes, un texte écrit en cunéiforme et en langue assyrienne rappelle les nombreux exploits guerriers du roi Sargon II, la fondation de la ville et formule des malédictions contre ceux qui s’y attaqueraient. Les taureaux ailés androcéphales représentent le courage et la force (puissance virile du taureau) alliés à l’intelligence humaine. Ils assurent, outre une fonction pratique de pilier dans l’ensemble architectural, une fonction hautement symbolique ; en tant que génies protecteurs, ils sont garants de la stabilité du palais, de l’empire et donc du monde. Avec de telles dimensions, ils dégagent un sentiment de puissance et de crainte chez le visiteur. Néanmoins, par leurs proportions harmonieuses (symétrie de leur visage et de leur corps le long d’une ligne verticale), ils semblent bienveillants. Cette impression est renforcée par l’expression paisible de leur visage et par les ailes qui contribuent à une certaine légèreté d’ensemble. technique et transport Les taureaux ailés sont taillés dans un seul bloc d’albâtre gypseux, pierre locale mais fragile. La charge de leur production incombait aux gouverneurs du royaume et on sait par des rapports envoyés au roi que celui-ci y accordait un grand intérêt. La qualité de la pierre primait sur la distance du transport, certains blocs étant envoyés depuis le haut Tigre. Sur des bas-reliefs du palais de Ninive, on apprend que la pierre était extraite, taillée et sculptée sur place, avant que les blocs ne soient amenés au bord du Tigre sur des traîneaux tirés par des dizaines d’hommes, puis chargés sur des radeaux et transportés jusqu’à Khorsabad. On imagine donc un acheminement difficile. La composition des lamassu associe plusieurs types de relief : le bas-relief pour les ailes et le haut-relief pour le corps, tandis que la tête relève de la ronde-bosse. À l’origine, ces statues étaient peintes.
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