Images du Louvre - Dossiers documentaires

Panneau à la joute poétique / Dossier documentaire 9 un panneau du pavillon royal d’ispahan Ce panneau ornait probablement l’un des pavillons du complexe palatial construit à Ispahan sous le règne de Shâh ‘Abbas I er (1587-1629), aujourd’hui en grande partie disparu. La ville était devenue la nouvelle capitale de la dynastie safavide, qui domina la Perse pendant plus de deux siècles (1501-1722), et dont le règne d’‘Abbas I er marqua l’apogée politique. Si, lors de sa grande campagne de rénovation urbanistique, la construction et la décoration de mosquées et madrasas reprirent les canons traditionnels, celles des édifices profanes connurent de fortes innovations. Les thèmes décoratifs, végétaux et floraux, propres aux mosquées, s’enrichirent de thèmes figuratifs – scènes de cour, de genre ou de jardins, sujets issus de la littérature – dans les palais. La demeure du Shâh était composée de plusieurs pavillons, certains réservés à la vie privée du souverain, d’autres dédiés aux audiences publiques, d’autres encore utilisés pour des banquets et réceptions. Disséminés dans de vastes jardins, ces pavillons étaient décorés – dans la partie basse des murs – de fresques, de boiseries et de panneaux de céramique. On peut penser que le panneau du Louvre ornait la salle principale du plus grand des pavillons, celui de Tchehel Sutun (des quarante colonnes), salle d’audience et de couronnement. Les carreaux ont quitté Ispahan au moment où le monarque qajar Zell-è Sultan fit démonter les décors du Tchehel Sutun afin de les installer dans son palais de Téhéran, vraisemblablement avant 1882-1883. Cette pratique de démontage et remontage des décors en céramique était très fréquente, ce qui rend difficile d’établir la provenance première de ces panneaux aux multiples vies. Quatre autres panneaux, appartenant vraisemblablement au même cycle décoratif, sont aujourd’hui conservés dans de grands musées occidentaux : trois au Metropolitan Museum de New York, le quatrième au Victoria & Albert Museum de Londres. D’autres fragments sont aussi conservés au Staatliche Museum de Berlin. Très appréciés par les collectionneurs du 19 e siècle pour leurs couleurs intenses et leurs figures élégantes, les décors en céramique d’époque safavide furent copiés par de nombreux artistes. Le plus célèbre et talentueux d’entre eux est Ali Mohammed Isfahani, dont la production fut florissante au cours de la deuxième moitié du 19 e siècle. Certains de ses panneaux sont conservés au Victoria & Albert Museum.

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