Images du Louvre - Dossiers documentaires
Panneau à la joute poétique / Dossier documentaire 7 comprendre l’ œuvre un thème récurrent dans l’art iranien Le thème du jardin est très fréquent dans l’art iranien, et plus généralement dans l’art islamique. Son rôle est, depuis toujours, de procurer une relaxation spirituelle et récréative. Dans sa conception, la lumière du soleil et l’eau jouent un rôle crucial. Du fait des conditions climatiques de l’Iran, l’ombre est vitale pour se protéger de la chaleur. Elle est produite par la plantation d’arbres et la construction de treilles. Dans un pays où la chaleur et la sécheresse sont récurrentes, les jardins représentent donc un havre de verdure et de fraîcheur. Si le cyprès est répandu en Iran, il donne peu d’ombre à l’inverse du platane et de toutes sortes d’arbres fruitiers, en particulier le grenadier, qui sont de ce fait traditionnellement plantés dans les jardins iraniens. La vigne mais aussi les fleurs en arbustes (rosier, lilas…) sont également des éléments récurrents de ces jardins. Cette végétation luxuriante apporte ainsi une très belle floraison au printemps, et des fruits en été. Le jardin est en effet pour les Persans le reflet du paradis sur terre – l’étymologie du mot paradis proviendrait d’ailleurs de l’ancien persan pairi da za (qui signifie enceinte, rempart, enclos). «Voici la description du Jardin promis à ceux qui craignent Allah. Il y aura là des fleuves dont l’eau est incorruptible, des fleuves de lait au goût inaltérable, des fleuves de vin, délices pour ceux qui en boivent, des fleuves de miel purifié. Ils y trouveront aussi toutes sortes de fruits et le pardon de leur Seigneur » [Coran XLVII, 15]. En tant qu’élément fondamental de la culture iranienne, le jardin, réel ou imaginaire, est donc présent dans toutes les formes artistiques, de la littérature à la musique et à la peinture, et particulièrement dans l’art du livre et du tapis. Dans ce panneau, les fruits et la bouteille symbolisent les plaisirs de la bouche, associés au plaisir intellectuel et mystique. « Les princes islamiques attachent une grande importance aux jardins de leurs palais. Les souverains safavides, en particulier, y organisent de grands banquets. De nombreux divertissements y sont proposés : des joutes oratoires entre poètes, des chants, des danses. Le vin est l’élixir de ces fêtes. Le cadre naturel des jardins fleuris et arborés participe à l’enchantement des sens et favorise l’activité créatrice. » (R. Declémenti, Comment parler des arts de l’Islam aux enfants , 2013, Louvre Éditions/ Le baron perché Éditions.) l’éducation du prince Ce panneau met en scène, dans une atmosphère strictement iranienne, la joute lettrée de deux esthètes. Plus généralement, il représente les plaisirs princiers. Banquets, conversations et promenades dans des jardins de rêve, flâneries, promenades en bateau et baignades, lectures, auditions de conteurs, courses de chevaux, exploits d’athlètes et de jongleurs, combats d’animaux, chasses. À côté de ces divertissements, la poésie tient une place particulière dans l’éducation du prince. Le futur roi ne doit pas seulement être valeureux à la guerre, mais il doit avant tout s’initier à la poésie en s’entraînant au récit poétique, ainsi qu’à la calligraphie, considérée comme activité spirituelle par excellence, qui élève l’humain vers le divin. Se développe ainsi, dans les royaumes islamiques, le concept du prince-artiste.
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