Images du Louvre - Dossiers documentaires

Panneau à la joute poétique / Dossier documentaire 5 notions clés Glaçure : substance vitrifiée de même nature que le verre, produite à partir de silice (sable ou galet pilé) et utilisée pour recouvrir les céramiques afin de les durcir, de les imperméabiliser et/ou de former un motif. Cuerda seca : nom donné à une technique de décor originaire d’al-Andalus (ensemble des terres de la péninsule Ibérique et de la Septimanie sous domination musulmane du 8 e siècle à 1492) consistant à séparer des glaçures polychromes par une ligne composée d’un mélange d’oxyde de manganèse et d’une substance grasse, qui disparaît à la cuisson en laissant un trait mat. École d’Ispahan : la ville d’Ispahan est au 17 e siècle un important centre de production de céramiques, de verres, d’armes, de tapis, de textiles. Si les textes témoignent de l’existence d’ateliers dans de nombreuses autres villes iraniennes (entre autres Tabriz pour les céramiques et Shiraz pour les verreries), c’est dans cette ville que, à partir de 1598, le Shah ‘Abbas I er « le Grand» (1587-1629) décide de transférer la capitale de son royaume. Il décide aussi de développer le commerce et l’artisanat et d’ouvrir son royaume vers l’Europe. Le style des peintres, influencé par le très fameux Reza-e Abbasi, connaît alors de profondes transformations. Reza sera le premier directeur des nouveaux ateliers d’Ispahan (actifs à partir de 1603), qui essaieront d’intégrer l’apport nouveau de la gravure européenne dans le dessin et la peinture iraniens traditionnels. Les artistes de cette école entretiennent d’étroits rapports avec ceux qui peignent les fresques des palais et ceux qui réalisent les décors des textiles et des céramiques. Safavides : dynastie musulmane ayant régné sur les terres d’Iran de 1502 à 1722. Sous sa domination, le centre du pouvoir se déplace progressivement vers l’est, du fait des guerres contre les Ottomans. Au début du 16 e siècle, Tabriz s’impose comme la ville plus importante, où s’épanouissent les arts du livre et du textile. Trop exposée, elle est supplantée par Qazvin en 1555, puis par Ispahan en 1598. Les centres politiques sont autant de foyers artistiques, et autour des princes, frères, oncles et cousins du Shah, envoyés comme gouverneurs des provinces, se constituent également des foyers de création artistique. Sous le règne safavide, l’art connaît un âge d’or qui touche tous les domaines, de l’urbanisme à la peinture, en passant par l’art de vivre, grâce notamment aux influences multiples qui lient les différentes puissances islamiques européennes. L’architecture safavide, héritière du passé, s’épanouit ainsi au contact des civilisations moghole, ottomane et occidentale. Ispahan a livré un chef-d’œuvre majeur de cet art de bâtir avec sa mosquée, parmi tout un ensemble méconnu de palais et de jardins qui ont fait la splendeur de cette cité brillante. Joyaux d’architecture, les capitales des Shah furent aussi au cœur d’une production picturale abondante et de styles variés grâce aux commandes royales de manuscrits richement illustrés. Le format horizontal est renforcé par la répartition de l’espace en deux registres : dans la partie basse se trouve le gazon sur lequel sont posés les mets ; l’axe médian, au centre de la composition, est occupé par le plateau rempli de fruits et, plus haut, par le visage du prince. Le registre supérieur est occupé par les personnages, dont les corps se détachent du fond laissé blanc où aucune zone ne reste inoccupée. Entre les rameaux des arbres qui enchâssent les personnages s’intercale une ligne bleutée qui délimite le relief de collines rocheuses au-dessus de laquelle se déploie un ciel qui sur ce panneau n’a pas été colorié. Cette ligne est notamment visible à gauche de la tête de l’homme debout et à droite de l’épaule de la femme. Selon la tradition picturale iranienne, aucun point de fuite n’est établi, et toute mise en perspective est écartée au profit d’une disposition en plans successifs pour une lecture simple du sujet. Le panneau dégage une forte impression de symétrie, grâce au rythme créé par la disposition des personnages et la correspondance des couleurs. Cependant, la scène est légèrement décentrée à gauche, et l’effet général de la symétrie est rétabli par l’arbre qui ferme la composition à l’extrême droite et dont la couleur foncée répond à la tunique brune du personnage qui ferme la scène du côté opposé.

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