Images du Louvre - Dossiers documentaires

Panneau à la joute poétique / Dossier documentaire 4 aborder l’ œuvre Dans un luxuriant jardin, quatre personnages, trois hommes et une femme, se délassent. Ils sont habillés à la mode iranienne du 17 e siècle et portent de longues tuniques aux couleurs chatoyantes, avec une ceinture plissée nouée à la taille ( sash ) ; les hommes sont coiffés de somptueux turbans. Ils sont assis sur un gazon égayé de petites touffes fleuries et de pierres colorées, à l’ombre d’arbres en fleur. Devant eux sont posés un plat ( tabaq ) rempli de coings et de grenades ainsi qu’une carafe ( sor h ) de vin. En attendant de consommer cette collation, au centre de la composition, deux des jeunes hommes, agenouillés, se font face et semblent s’affronter verbalement. Celui qui est à gauche porte un manteau bleu à décoration de fleurettes stylisées jaunes. Il est assis sur les talons, dans une pose déférente, et récite un poème. Le personnage qui lui fait face, son pendant en négatif, est vêtu d’une tunique jaune à décoration de fleurettes stylisées bleues. Il tient d’une main un cahier oblong ( safina ), utilisé pour calligraphier la poésie, et trempe de l’autre un roseau taillé en pointe ( qalam ) dans un encrier. Ce second personnage est coiffé d’un turban à aigrette indiquant qu’il s’agit d’un prince. L’aigrette (ornement en forme de plume) est un signe d’autorité, de dignité et de noblesse. À l’instar de la couronne, elle était en principe réservée aux rois, mais des princes pouvaient aussi porter cette distinction. Il s’agit ici d’une joute poétique dans laquelle, à tour de rôle, les protagonistes écrivent et déclament des vers. À droite de ces deux personnages, une femme s’avance pour apporter des victuailles dans une grande coupe couverte ( k se ). Les traits de son visage ne permettent pas de la distinguer des hommes, mais on la reconnaît grâce à ses vêtements : elle ne porte pas comme les autres personnages de ceinture plissée ni de turban, mais elle est coiffée d’un diadème posé sur un voile plissé qui couvre son buste et tombe en traîne dans son dos. De ses tempes descendent, comme chez les trois autres personnages, de longues mèches soigneusement coiffées en boucles serrées. Elle porte aussi un collier de perles et une boucle à l’oreille. Les couleurs de sa tunique et de ses accessoires, azur, bleu et jaune, reprennent celles des deux personnages qui occupent le centre de la scène, ainsi que du tronc de l’arbre qui se trouve entre eux, des feuilles, des fleurettes et des pierres disséminées dans toute la composition. À l’extrême gauche, un dernier personnage, debout, observe la scène d’un regard rêveur et, les mains jointes sur le ventre, écoute avec attention. Sa tunique se démarque des autres, tant par sa couleur brune que par ses motifs, des petites flammes de couleur jaune, d’influence chinoise, semblables aux nuages qui courent dans le ciel. Ces quatre personnages présentent des silhouettes sinueuses et souples, typiques de l’art iranien de l’époque. Ils évoquent le style du peintre Reza-e Abbasi, actif à la cour de Shâh ‘Abbas I er (1588-1629). Reza est à l’origine d’un changement de style, au tournant du 16 e et du 17 e siècle, qui marque tous les arts. Tout est raffinement dans cette scène : les postures et les gestes délicats des personnages, leurs parures élégantes, les accessoires richement décorés, les couleurs vives et chatoyantes. La composition est encadrée par un bandeau de rinceaux fleuris sur fond bleu rythmés par des « tchi » (nuages) verts, qui forme un grand rectangle, avec deux décrochements dans la partie supérieure.

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