Images du Louvre - Dossiers documentaires

Statuette : Vierge à l’Enfant – « Rosaire » de F. Jammes – p. 3 Que le toujours pareil si accablant du rêve. Le poète agonise. Il a soif, il a faim. Sa passion lui tend du fiel et du vinaigre. Et les seuls fruits offerts au naufragé par Dieu, Ce sont les fruits des cinq Mystères douloureux : Agonie Par le petit garçon qui meurt près de sa mère Tandis que des enfants s'amusent au parterre ; Et par l'oiseau blessé qui ne sait pas comment Son aile tout à coup s'ensanglante et descend Par la soif et la faim et le délire ardent : Je vous salue, Marie. Flagellation Par les gosses battus par l'ivrogne qui rentre, Par l'âne qui reçoit des coups de pied au ventre Et par l'humiliation de l'innocent châtié, Par la vierge vendue qu'on a déshabillée, Par le fils dont la mère a été insultée : Je vous salue, Marie. Couronnement d’épines Par le mendiant qui n’eut jamais d’autre couronne Que le vol des frelons, amis des vergers jaunes, Et d’autre sceptre qu’un bâton contre les chiens ; Par le poète dont saigne le front qui est ceint Des ronces des désirs que jamais il n’atteint : Je vous salue, Marie. Portement de croix Par la vieille qui, trébuchant sous trop de poids, S'écrie : "Mon Dieu ! " Par le malheureux dont les bras Ne purent s'appuyer sur une amour humaine Comme la Croix du Fils sur Simon de Cyrène ; Par le cheval tombé sous le chariot qu'il traîne Je vous salue, Marie. Crucifiement Par les quatre horizons qui crucifient le Monde, Par tous ceux dont la chair se déchire ou succombe, Par ceux qui sont sans pieds, par ceux qui sont sans mains, Par le malade que l'on opère et qui geint Et par le juste mis au rang des assassins : Je vous salue, Marie.

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