Images du Louvre - Dossiers documentaires
L’Offrande du cœur / Dossier documentaire 6 comprendre l’ œuvre un thème de littérature courtoise La tapisserie reprend ici un thème issu de la littérature courtoise : le don du cœur de l’amant à sa dame. Ce sujet est chanté à la fin du 12 e siècle par les troubadours et les trouvères. Dans Le Roman de la Rose (13 e siècle), l’offrande du cœur constitue l’étape initiale du parcours amoureux : le chevalier doit prouver son amour et son dévouement absolu pour sa dame en traversant de nombreuses épreuves où il fera montre de son courage et de sa noblesse avant de pouvoir recueillir son amour. Ces sujets courtois connaissent un grand succès aux 14 e et 15 e siècles. En effet, durant cette période, la transformation des structures de la société et des modes de gouvernement fait apparaître un retour nostalgique pour les valeurs et les modes de vie d’une société chevaleresque. L’amour idéal fascine une époque où le mariage est avant tout tributaire de stratégies politiques. Les cycles de Lancelot ou d’Alexandre sont de nouveau copiés dans des ouvrages enluminés. Le Roman de la Rose connaît également un grand succès. Cet intérêt pour l’idéal courtois, la fin’amor , se retrouve dans la production artistique de l’époque et figure plus particulièrement sur les objets du quotidien de la haute société : coffrets, valves de miroir, tablette à écrire, etc. les usages de la tapisserie À cette époque, les tapisseries constituent des éléments indispensables du décor civil ou religieux. Ce sont des objets de collection très recherchés et réservés à la haute société. Dans le chœur d’une cathédrale, elles peuvent raconter en plusieurs tableaux des scènes tirées de la Bible, comme pour la Tenture de la vie de la Vierge de la cathédrale de Reims (avant 1530). Dans la demeure d’un seigneur, elles évoquent des scènes de littérature courtoise, comme sur cinq tapisseries provenant d’Arras (1420) conservées au musée des Arts décoratifs de Paris. Outre leur fonction décorative, les tapisseries sont utilisées pour séparer les espaces et conserver la chaleur. Il est également courant qu’on s’en serve pour recouvrir des meubles. Ce sont des objets mobiles aisés à mettre dans les bagages des seigneurs et à transporter lors de leurs déplacements ce qui explique que peu d’entre elles nous soient parvenues dans un bon état. Les tapisseries témoignent du goût de l’époque pour des intérieurs à la fois plus confortables et chaleureux. Leur grande taille, leur préciosité – avec l’utilisation de la soie, de l’or ou de l’argent – et leur iconographie permettent à leurs propriétaires de montrer leur richesse, leur puissance et leur appartenance familiale. En effet, certains y font figurer leurs armoiries, comme la famille Jouvenel des Ursins avec les Ours porteurs d’écus armoriés . la tapisserie gothique À l’origine, les tentures du Moyen Âge gothique sont des broderies venant d’Angleterre. À partir du 14 e siècle, la tapisserie étant recherchée et appréciée, divers ateliers se développent, notamment à Paris ou à Arras. Les premières tapisseries ne possèdent qu’un décor ornemental ou héraldique. Les scènes figuratives commencent à apparaître à la moitié du 14 e siècle. Le goût pour les représentations allégoriques et les tapisseries «millefleurs » se développe au 15 e siècle, comme par exemple La Dame à la Licorne, une tenture conservée au musée national du Moyen Âge qui regroupe six tapisseries et dont le décor en mille-fleurs sert de fond au développement des scènes.
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