Images du Louvre - Dossiers documentaires

Vénus de Milo / Dossier documentaire 8 iconographie et datation de l’œuvre S’appuyant sur l’ iconographie de la déesse, l’hypothèse d’identification la plus probante est celle d’Aphrodite – Vénus pour les Romains. En effet, la représentation de la figure dénudée jusqu’aux hanches, offrant toute la beauté de son anatomie, convient particulièrement à la déesse de l’amour et de la beauté. Une main tenant une pomme trouvée sur le lieu même de la découverte tend à confirmer cette hypothèse. En effet, ce fruit est associé à la déesse, en référence au Jugement de Pâris (elle reçut de Pâris la fameuse pomme d’or la désignant comme la plus belle et témoigna sa reconnaissance au héros troyen en faisant naître entre lui et Hélène un amour qui malheureusement devait être fatal à Troie). Cependant, la qualité moindre du travail du marbre sur ce fragment laisse penser que cette main n’appartient pas à la déesse. Le port altier, l’harmonie et la délicatesse de ses traits rappellent l’impassibilité des visages des statues du 5 e siècle av. J.-C. mêlée à l’audace du 4 e siècle av. J.-C. et au ciseau de Praxitèle. Sa silhouette est souvent comparée à celle de la Vénus de Capoue, copie romaine d’un original grec aujourd’hui disparu, datant de la fin du 4 e siècle av. J.-C. et conservé au Musée archéologique national de Naples. Néanmoins, la construction hélicoïdale de la silhouette invitant à tourner autour de l’œuvre, les effets d’ombre et de lumière contrastés et l’aspect réaliste et charnel du ventre de la Vénus font penser que l’œuvre appartient à l’époque hellénistique (entre le 3 e et le 1 er siècle av. J.-C.). Ce mélange de caractéristiques propres à l’art grec dit classique, dont les maîtres sont Phidias, Praxitèle et Lysippe, et de caractéristiques propres à la période hellénistique se retrouve dans le courant classicisant de la période hellénistique, que l’on situe principalement aux 2 e et 1 er siècles avant J.-C. Par comparaison avec des œuvres du même style, la statue daterait d’entre 130 et 100 av. J.-C. L’ Aphrodite Kaufmann et le buste de L’Inopos sont deux autres témoignages au musée du Louvre de ce courant classicisant. la postérité, le mythe Célébrée comme un chef-d’œuvre dès l’époque de sa découverte, comme en témoigne le décor du plafond peint dans le palais du Louvre en 1821 par Jean-Baptiste Mauzaisse, la Vénus de Milo incarne l’idéal grec et inspire de nombreux artistes tout au long des siècles. Son statut d’icône pousse les artistes contemporains à détourner son image, à jouer avec elle : Salvador Dali en fait plusieurs interprétations dont la plus célèbre reste la Vénus de Milo aux tiroirs (1936) ; Arman se l’approprie en y insufflant ses propres préoccupations plastiques (Sans Titre  ; Transculpture , 1996). Son image, fortement ancrée dans l’inconscient collectif, permet d’élaborer des citations visuelles percutantes pour faire vendre ou sourire, tant dans le domaine de la publicité que du cinéma. U n auteur inconnu Les lacunes de la statue offrent peu d’indices sur son auteur. Néanmoins, en comparant la «Vénus de Milo » avec d’autres statues hellénistiques provenant de Mélos, proches du style de l’école de Rhodes, on peut émettre l’hypothèse que son auteur était un sculpteur travaillant à Mélos sous l’influence des ateliers rhodiens, dont l’hégémonie s’étendait en Grèce de l’Est et dans les Cyclades.

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