Images du Louvre - Dossiers documentaires

Vénus de Milo / Dossier documentaire 6 comprendre l’ œuvre histoire de la découverte La Vénus de Milo est exhumée fortuitement en avril 1820 par un paysan, Yorgos, sur Mélos – Milo en grec moderne –, une île située au sud-ouest de l’archipel des Cyclades. À cette époque, les îles de la mer Égée, sous domination ottomane, accueillent souvent les bateaux français de la flotte du Levant. L’escale d’un de ces navires permet à Olivier Voutier, élève de marine, de contempler l’œuvre à peine sortie de terre et d’en apprécier la qualité. Son témoignage, relayé par le corps diplomatique – l’agent consulaire Louis Brest et l’enseigne de vaisseau Jules Dumont d’Urville –, conduit l’ambassadeur de France à Istanbul, le marquis de Rivière, à acquérir la statue pour en faire cadeau au roi Louis XVIII le 1 er mars 1821. Ce dernier en fait aussitôt don au Louvre. D’autres fragments sont découverts avec la Vénus  : trois piliers hermaïques , des morceaux de bras, une main tenant un fruit, et trois pierres inscrites. Ces fragments, même s’ils ont été découverts au même endroit, n’appartiennent pas nécessairement à une même période. En effet, à une époque où les vestiges antiques n’intéressaient guère, les chaufourniers collectaient des fragments de marbre pour en faire des réserves alimentant leurs fours à chaux. Cependant, plusieurs témoignages contredisent cette hypothèse : les fragments auraient été découverts dans une niche en ruine dont l’entrée, aujourd’hui disparue mais connue par le biais de copies, aurait été surmontée de l’une des trois inscriptions exhumées sur le site. Cette dernière consiste en la dédicace d’un magistrat chargé de l’administration des gymnases par laquelle ce dernier dit offrir à Hermès et Héraclès l’« exèdre », ainsi qu’une autre chose que l’aspect lacunaire de la pierre ne permet pas d’identifier. L’hypothèse est avancée qu’il s’agit de la statue d’Aphrodite, qui aurait été placée dans une niche – l’exèdre dont il est fait mention dans l’inscription – appartenant à un complexe architectural plus vaste – sûrement un gymnase en raison du lien que l’on peut établir entre Hermès, Héraclès et les épreuves sportives – dont les fragments mentionnés plus haut constitueraient des éléments. Cependant, ces deux hypothèses sont impossibles à corroborer. une œuvre incomplète : hypothèses et débats sur la reconstitution Lors de sa découverte, ainsi qu’en témoigne le dessin tracé par Olivier Voutier, la statue est dépourvue de ses bras, de son pied gauche et d’une partie de son socle ; ces derniers n’ont jamais été retrouvés. Les lacunes de l’œuvre ont suscité de nombreux débats concernant la restitution générale et l’identification de la statue. Ainsi a-t-elle été imaginée dans les postures les plus variées : le bras gauche posé sur un pilier, accoudée à Arès ou associée au dieu Éros par exemple. De même a-t-elle été affublée des attributs les plus divers selon les hypothèses d’identification : un arc pour Artémis, un trident pour Amphitrite ou encore une amphore pour une Danaïde. Aucune de ces hypothèses ne peut être vérifiée, aussi convient-il de s’en tenir à ce que la statue livre actuellement comme indices : la position des épaules indique que le bras droit devait descendre jusqu’au manteau qui entoure les hanches ; le bras gauche était maintenu en position haute et relativement ouverte. Hormis de légères retouches – le bout du nez, la lèvre inférieure, le gros orteil du pied droit, de petits raccords dans les plis –, la statue a été maintenue dans l’état fragmentaire dans lequel elle a été trouvée.

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