Images du Louvre - Dossiers documentaires

La Liberté guidant le peuple / Dossier documentaire 4 aborder l’ œuvre Le titre annonce le sujet de cette grande toile de 2,60 mètres de haut par 3,25 de large. Un moment historique où le peuple, en révolte sur une barricade, suit une femme, la Liberté. La foule qui avance vers le spectateur se décompose en plans distincts : au premier plan, les morts au-dessus desquels surgissent des personnages armés qui se découpent sur fond de fumée. À l’arrière-plan, à gauche, une foule et, à droite, les tours de Notre-Dame de Paris. Militaires, enfants, ouvriers… Le peintre a représenté un échantillon du peuple qu’il met en scène dans une composition en pyramide. Les figures sont groupées dans un triangle que soulignent le bras de la Liberté et la hampe du drapeau, et qui s’inscrit dans les limites des angles de la toile. Quatre personnages debout rythment verticalement le tableau et s’opposent aux horizontales des morts du premier plan. La toile est partagée sur sa diagonale en deux grandes zones, sombre dans la partie inférieure du tableau et éclairée dans la partie supérieure, où la Liberté est auréolée de lumière. La tonalité générale est sombre, les couleurs rabattues. Au sommet de la composition se trouvent les plus grandes surfaces de couleurs vives, bleu, blanc et rouge qui sont distribuées en petites touches dans toute la toile. La touche est visible dans les zones les plus dramatiques et s’estompe dans les arrière-plans, créant ainsi un effet de profondeur. Aux premiers plans, les formes sont cernées par un contour posé après coup. Ce procédé nouveau sera très utilisé par les peintres jusqu’à fin du siècle. Le peintre, dans un souci de véracité, accumule les détails réalistes. Les accessoires et les armes des personnages font référence à des modèles très précis. Les acteurs principaux de la scène sont reconnaissables à leurs costumes. L’homme au béret à gauche du tableau, armé d’un sabre et vêtu d’habits de travail, joue le rôle du manufacturier ; l’homme au chapeau haut de forme et au fusil de chasse à deux canons, pantalon large et ceinture de flanelle rouge, fait le compagnon, l’artisan ou le chef d’atelier ; l’homme agenouillé, dont le sang coule sur le pavé, avec son mouchoir de tête et sa blouse retroussée, représente l’ouvrier du bâtiment venu de la campagne. L’enfant, pistolets dans chaque main, coiffé de la faluche, le béret noir des étudiants, avec en bandoulière une giberne de l’infanterie de la Garde royale, deviendra la figure de Gavroche dans Les Misérables de Victor Hugo. À gauche de la toile, pavé en main, un second enfant porte un bonnet de police, celui des voltigeurs de la Garde nationale. Seule femme dominant la mêlée, l’actrice principale, baïonnette au canon, est une allégorie . Poitrine dénudée, profil parfait « à la grecque », drapée à l’antique, elle porte le bonnet phrygien et brandit le drapeau français. Même les morts sont facilement identifiables. Hormis le cadavre sans pantalon, on reconnaît à gauche un cuirassier de la Garde royale et sur le dos un voltigeur de la Garde nationale. Delacroix a travaillé vite avec des brosses assez larges, se concentrant sur la vigueur d’expression picturale. Exécutée très rapidement, sa toile est le fruit d’une longue gestation au travers d’innombrables croquis initialement prévus pour un autre projet de peinture sur le même thème de la révolte, la Grèce insurgée contre la domination turque.

RkJQdWJsaXNoZXIy NDYwNjIy