Images du Louvre - Dossiers documentaires
La Marquise de Pompadour / Dossier documentaire 4 aborder l’ œuvre L’œuvre de Maurice-Quentin Delatour est un pastel de grandes dimensions qui nous présente la marquise de Pompadour en pied . Vêtue d’une robe somptueuse, elle est assise dans un fauteuil, feuilletant une partition mais visiblement distraite. Elle est accoudée à une table sur laquelle sont posés des livres et un globe terrestre. À l’arrière-plan et dans l’ombre, un ou deux pans de mur referment l’espace avec, à gauche, les drapés d’un rideau et, au-dessus de la table, la peinture d’une scène de rencontre champêtre. La marquise et ce dessin (car un tel pastel sur papier est un dessin) s’appréhendent de trois manières : par les courbes, par les droites et par une organisation spatiale tripartite. Le regard du spectateur est d’abord incité à parcourir tout un réseau de courbes et de contre-courbes que proposent le corps de la marquise et les motifs de sa robe, le geste de ses mains et les plis de la partition. Ces mouvements sinueux sont prolongés par le mobilier, le décor et les objets : les parties visibles du dossier du fauteuil et du pied de la table, le drapé de la tenture à gauche et, à droite, la ligne descendant du pôle Nord du globe au sommet des ouvrages avec la ligne des boiseries encadrant la peinture. Ces lignes serpentines n’excluent pourtant pas les lignes droites. Un axe vertical et médian relie l’œil gauche de la marquise au talon d’une de ses mules. Cet axe passe par la commissure gauche des lèvres et le milieu du décolleté, puis rencontre au croisement le pouce et l’index tenant une page du cahier et, en dessous, la pointe d’un feuillet. Cette verticalité est renforcée par la partie supérieure du pied de la table, par des boiseries du mur et par les dos des livres de différents formats. En inscrivant la marquise et sa robe au centre du pastel et dans une forme triangulaire ou ovale, Delatour renforce cette composition à la fois curviligne et rectiligne. Enfin, une division en trois parties nous entraîne vers l’extérieur du tableau, vers ce qui attire le regard de la marquise : à notre droite, la diversité et la densité des objets qui, à l’exception du carton à dessin, sont coupés par le bord ; au milieu, la robe et le corps féminin avec la position des jambes, la tenue du buste, le geste des bras et des mains ; à gauche, la traîne de la robe accompagnant hors champ le mouvement de la tête et le regard. L’unité de l’œuvre tient à la fois à la douceur du pastel (associée à une grande fermeté d’exécution) et aux deux nuances dominantes, bleu et ocre brun, la marquise et sa robe recevant et diffusant la lumière. Le tapis surprend alors : comme si toutes les formes et toutes les couleurs s’y étaient déposées et comme si les objets et la figure féminine s’y trouvaient rassemblés dans les ondulations d’une anamorphose. Le vêtement, exceptionnel, est une robe de satin comportant jupe, jupon et doublure, avec un décor de fleurettes et de grands rameaux stylisés et dorés. Le corsage est garni de rubans et les manches prolongées par des « engageantes » de dentelle. Mais, alors que ce portrait d’une robe officialise dans une certaine mesure le portrait de la marquise, l’absence de bijoux et la relative simplicité de la coiffure dénotent un cadre plus intime.
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