Images du Louvre - Dossiers documentaires

La Dentellière / Dossier documentaire 8 vermeer : un peintre de réputation Les œuvres de Vermeer exigeaient un travail minutieux très long, ce qui explique qu’il ne peignait que deux ou trois tableaux par an. Selon les catégories qui avaient cours alors aux Provinces-Unies, Vermeer était un « peintre fin », c’est-à-dire un artiste dont les œuvres étaient appréciées en fonction de la qualité de leur fini. Vermeer fut considéré de son vivant comme le plus grand peintre de sa ville et il était suffisamment connu pour recevoir en 1663 la visite du diplomate et amateur d’art français, Balthasar de Monconys. L’essentiel de sa production fut achetée à Delft par un seul et même collectionneur : Pieter Claesz van Ruijven qui appartenait à la haute bourgeoisie de la ville et jouissait d’une grande fortune. Au 18 e siècle, Vermeer est un peintre estimé qui figure dans des collections privées, surtout aux Pays-Bas. C’est à partir du début du 19 e siècle, notamment en France, qu’un fort engouement se produit pour la peinture de celui que son premier biographe, Théophile Thoré-Bürger, appelle en 1866 « le Sphinx » de Delft. Dès lors, les prix de ses œuvres augmentent rapidement, ses tableaux font l’objet de nombreuses copies, tandis qu’il devient un des « génies de la peinture européenne », admiré par Eugène Fromentin, Marcel Proust ou Paul Claudel. Cette célébrité explique que le musée du Louvre fasse en 1870 l’acquisition de La Dentellière , le premier tableau de Vermeer à entrer dans une collection publique en France. johannes vermeer (1632-1675) Vermeer, né à Delft en 1632, était issu d’un milieu modeste ; son père était tisserand, aubergiste et marchand de tableaux, trois activités qu’il exerça parallèlement. Il appartenait à une vaste famille calviniste qui comptait des peintres, des sculpteurs, des artisans tandis qu’un de ses oncles partit aux Indes orientales pour gagner sa vie, comme nombre de Hollandais de son temps. On ne sait rien de sa formation, mais l’hypothèse aujourd‘hui retenue est qu’il aurait été en apprentissage auprès d’Abraham Bloemaert, un peintre catholique qui vivait à Utrecht. En 1653, admis au sein de la guilde de Saint-Luc de Delft, il devient maître peintre dans une ville où travaillent d’autres artistes célèbres comme Carel Fabritius ou Pieter de Hooch (installé à Delft entre 1654 et 1662). On sait qu’il connaissait également Leonaert Bramer et Gerard ter Borch. La même année, il épouse Catharina Bolnes, fille d’une riche famille patricienne catholique, et c’est peu avant son mariage qu’il se convertit au catholicisme, dans un pays devenu protestant après la partition entre Provinces-Unies et Pays-Bas espagnols à la fin du 16 e siècle. On sait peu de choses sur son activité d’artiste. En 1662, il devient syndic de la guilde de Saint-Luc, preuve qu’il est un peintre reconnu dans sa ville. Il a beaucoup d’enfants (quinze). La fortune de sa belle-famille lui permet de peindre pendant une grande partie de sa vie sans avoir la nécessité de vivre de son art, ce qui est rare à cette époque. Cependant, elle ne lui évite pas une fin de vie difficile, assombrie par de graves soucis d’argent liés à un contexte économique de crise, consécutif à la guerre menée par Louis XIV en Hollande en 1670. Vermeer a travaillé vingt-deux ans, de 1653 à 1675, et a peint entre quarante-cinq et soixante tableaux, dont il ne reste plus qu’une trentaine. Il laisse une œuvre qui peut être vue comme une « recherche ininterrompue sur la peinture » (Daniel Arasse).

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