Images du Louvre - Dossiers documentaires

Le Scribe accroupi / Dossier documentaire 5 Chef-d’œuvre de l’Ancien Empire et de l’époque des grandes pyramides, cette statue étonne à plus d’un titre et suscite la fascination. Même s’il a fait l’objet de nombreuses études, le Scribe accroupi est loin d’avoir livré tous ses secrets. Il fut découvert en même temps que six autres statues datant de la même époque dans une tombe de Saqqara, au nord de l’allée de sphinx du Sérapéum, en Égypte, le 19 novembre 1850 par l’archéologue français Auguste Mariette (voir «Groupement de textes autour du Scribe accroupi » en annexes). Longue de plus de 6 kilomètres, la nécropole de Saqqara est une des plus importantes d’Égypte : elle abrite en effet les cimetières de Memphis qui fut la capitale de l’Égypte durant tout l’Ancien Empire. un célèbre inconnu La plupart des statues égyptiennes, comme la statue du prince Setka, sont accompagnées d’une inscription hiéroglyphique comprenant le nom et le titre du personnage représenté, lui donnant vie pour l’éternité, conformément à la pensée égyptienne. Le Scribe a été découvert sans le socle portant probablement cette inscription qui aurait pu l’identifier. Le contexte de la découverte ne nous fournit pas plus d’indices. En effet, la localisation exacte n’est pas claire, les fouilles ont fait l’objet de publications posthumes, les journaux de fouilles ont été égarés et les archives partagées entre la France et l’Égypte. Par ailleurs, le lieu de la découverte, pillé, ne donnait aucun indice sur l’identité du personnage. La comparaison avec les autres statues découvertes en même temps permet d’élaborer des hypothèses quant à son identification. Même s’il a souvent été rapproché de la statue de Kaï, datant de la V e dynastie, on compare actuellement le scribe à la statue de Péhernéfer, datant de la IV e dynastie, qui, même si elle ne possède pas le même traitement des yeux, se rapproche du Scribe accroupi par le traitement du visage – forme polygonale, bouche mince, ce qui est rare – et du modelé du corps – hypertrophie de la poitrine, bourrelets dans le dos. L’identification avec Péhernéfer, certes non attestée, fournit une datation que d’autres rapprochements peuvent confirmer : le léger froncement aux commissures des lèvres que l’on retrouve dans une effigie du roi Didoufri, la position du pied tourné vers le spectateur comme celui du nain Seneb, conservé au Musée égyptien du Caire. comprendre l’œuvre un regard intense L’extraordinaire présence du Scribe accroupi tient en partie à la vivacité de son regard. L’incrustation des yeux est classique : un bloc de magnésite blanc veiné de rouge dans lequel est enchâssé un morceau de cristal de roche dont la face postérieure, striée et teintée par une couche brune de bitume, figure l’iris. L’ingéniosité technique qui donne vie au personnage tient au fait que le cristal de roche est taillé en cône et évidé en pointe à l’intérieur. Ce cône, poli à la surface de l’iris, réfléchit ainsi la lumière, ce qui confère au regard une impression de vie. À cela s’ajoutent la dissymétrie des pupilles et le décentrage des cornées qui rendent le regard mobile. Chaque œil est enchâssé dans deux griffes de cuivre soudées sur le côté, cintrées et incurvées. Leur chant antérieur est aplati, soulignant ainsi le contour des yeux et figurant leur maquillage.

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