Images du Louvre - Dossiers documentaires
Le Scribe accroupi / Dossier documentaire 4 aborder l’ œuvre Quelques millénaires après sa création, le Scribe accroupi ne cesse de nous fasciner. On peut être surpris par sa taille relativement petite. Cependant, elle répond à un canon de référence : les dimensions du bloc dans lequel il fut taillé correspondent à la coudée, une unité de mesure égyptienne. Sa posture – le scribe n’est pas accroupi mais assis en tailleur – lui confère deux qualités que partagent volontiers le corps humain et la sculpture : être érigé et rester stable. Tant et si bien qu’il semble fait d’un seul bloc. Mais ce côté massif – on pourrait presque le loger dans une demi-pyramide – est à la fois conforté par une discrète corpulence et tempéré par l’espace vide entre les bras et le buste, par l’espace creusé entre les jambes et sous le pagne – deux espaces qui « aèrent » la sculpture –, par l’intensité du regard, enfin par l’ensemble des détails. Parmi ceux-ci, on peut noter l’incrustation des yeux et le cerne épais qui en souligne les contours, la minceur de la bouche, la finesse et la délicatesse des mains, des doigts et des ongles, les trois orteils du pied droit, la marque des mamelons de la poitrine légèrement hypertrophiée, les reliefs du visage (joues, maxillaires et pommettes). Exécutée dans du calcaire, la sculpture doit aussi à la polychromie cette présence charnelle et cette impression de plénitude. L’ocre rouge qui couvre avec beaucoup de nuances le corps nu de cet homme nous rappelle que le mot pigmentation concerne à la fois la couleur et la peau. Et l’ocre rouge est encore rehaussé par des contrastes de couleur et de matière : le noir de la chevelure et le blanc du pagne et du papyrus. Le regard du scribe n’est pas la seule raison de notre fascination : face à lui, le nôtre ne cesse d’aller de ses yeux à ses mains. Celles-ci reposent sur le pagne tendu par la position des jambes ; une main tient le papyrus qu’elle vient de dérouler et l’autre tenait sans aucun doute un outil pour écrire. Nous sommes bien face à un scribe. Mais à l’ambivalence de la sculpture répond l’ambiguïté de la représentation du personnage. L’œuvre est en effet un mélange de réalisme et de stylisation. Ce corps et ce visage individualisés constituent pour nous un portrait tout en incarnant une figure de la société égyptienne. L’absence d’un socle comportant nom et titres, le blanc du papyrus, cette étrange disjonction entre plusieurs activités : regarder-écouter et écrire, tout cela entretient cependant le mystère non seulement sur l’identité et la fonction du personnage mais encore sur l’origine et la destination de l’œuvre. notions clés chant : face étroite et longitudinale d’un objet de forme parallélépipédique. modelé : en peinture comme en sculpture, le modelé est la manière de rendre les reliefs et les volumes.
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