Images du Louvre - Dossiers documentaires

Le Tricheur / Dossier documentaire 7 la redécouverte de georges de la tour (1593-1652) L’artiste avait sombré dans l’oubli lorsqu’en 1914, il est réhabilité par l’historien de l’art Hermann Voss. En 1926, un collectionneur, Pierre Landry, achète « Le Tricheur » chez un antiquaire parisien. La toile est signée de La Tour. L’exposition des « Peintres de la Réalité », organisée en 1934, permet aux spécialistes de confronter les œuvres de l’artiste et révèle au grand public la figure de Georges de La Tour parmi ces peintres représentant le quotidien. Son corpus d’œuvres est enrichi : on lui reconnaît la paternité d’œuvres initialement attribuées à José de Ribera (1591-1652), Rembrandt (1606-1669), Diego Velásquez (1599-1660) ou Francisco de Zurbarán (1598-1664). En 1972, à l’occasion de la première rétrospective du peintre au musée de l’Orangerie, le musée du Louvre achète la toile à Pierre Landry. La vie de cet artiste, ainsi récemment redécouvert et consacré, demeure mystérieuse. On ignore où se forme Georges de La Tour : fait-il en Italie un voyage qui lui donne une connaissance directe des œuvres du Caravage ? Installé à Lunéville, il connaît une rapide célébrité dans sa région natale, la Lorraine, alors déchirée par les guerres, les épidémies et les conflits religieux liés à la Contre-Réforme. Lors d’un voyage à Paris, il devient « peintre ordinaire du roi ». De nombreuses œuvres commandées par des amateurs lorrains ont été détruites du fait de la guerre et de l’incendie de Lunéville. La trentaine de toiles que l’on connaît actuellement de l’artiste ne représente donc peut-être qu’une infime partie de sa production. une esthétique caravagesque Outre le thème iconographique, l’influence du Caravage est sensible dans cette toile. Le réalisme des scènes, l’indétermination du lieu, l’utilisation de la lumière à des fins expressives – l’éclairage latéral accentuant les contrastes entre le fond et les figures –, le cadrage à mi-corps – qui concentre l’action sur les expressions et gestes des personnages –, la simplification des volumes et l’étrangeté de l’atmosphère caractérisent l’œuvre du Caravage puis, à sa suite, celle des caravagesques. L’œuvre de Georges de La Tour se partage entre des scènes diurnes, baignées par une lumière froide et claire, comme Le Tricheur , et des scènes nocturnes où le sujet, plongé dans l’obscurité, est éclairé par la flamme d’une bougie. Georges de La Tour transcende ces effets, qui peuvent tourner au procédé chez les caravagesques, pour donner à voir une intense méditation.

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