Images du Louvre - Dossiers documentaires

Le Tricheur / Dossier documentaire 5 la question de l ’ agrandissement , témoin d ’ une histoire du goût L’œuvre a fait l’objet d’un agrandissement, visible à l’œil nu : une bande de tissu longitudinale de 10 centimètres a été ajoutée dans la partie haute du tableau, sans doute au début du 18 e siècle. En effet, dès la fin du 17 e siècle, les collectionneurs n’apprécient plus le cadrage resserré des caravagesques et font agrandir les tableaux. Cette adjonction, qui amène à compléter la coiffure de la servante par un cabochon et une aigrette, est loin d’être neutre et modifie le propos de l’œuvre. Le nouveau format, avec une plus grande hauteur, aère la composition qui se concentre moins sur les jeux de regards et amoindrit l’effet de tension. Une autre version de l’œuvre, « Le Tricheur à l’as de trèfle », conservée au Kimbell Art Museum (Texas, États-Unis), a également fait l’objet du même agrandissement mais, contrairement à son homologue parisien, cette adjonction a été supprimée lors de son entrée dans les collections du musée en 1981. notions clés Caravagesque : style du peintre italien Caravage (Michelangelo Merisi, dit il Caravaggio, 1571-1610). Ce dernier a mis en scène une conception nouvelle et dramatique de la lumière, brutalement contrastée. Ses œuvres sont caractérisées par un éclairage qui produit une opposition entre le fond sombre et les parties éclairées, et accentue l’expression des personnages. Il a choisi ses modèles dans le peuple et les a peints avec réalisme, dans des tableaux profanes aussi bien que religieux. Par extension, on appelle caravagesque les suiveurs de ce peintre. Clair-obscur : procédé en peinture qui consiste à accentuer le contraste entre l’ombre et la lumière. Cet éclairage semble faire sortir les formes de la pénombre. De nombreux peintres en ont fait un mode d’expression privilégié : Caravage accentue ainsi la tension dramatique dans ses tableaux ; Georges de La Tour en exploite toutes les possibilités avec ses figures éclairées à la lueur d’une flamme ; Rembrandt utilise le clair-obscur pour adoucir les contours et créer une atmosphère mystérieuse, propice à la méditation. Plan : terme faisant référence aux différentes surfaces verticales parallèles qui s’échelonnent de manière à donner une illusion de profondeur. La partie la plus proche du spectateur est dite «premier plan», celle intermédiaire est dite «plan médian» tandis que la plus éloignée est dite « arrière-plan». Scènes de genre : terme regroupant des scènes de la vie quotidienne dont les protagonistes sont des êtres humains anonymes. Cette peinture, qui se veut réaliste, ne se réduit pas à la description objective de la réalité mais elle est inséparable d’un contenu idéologique : les scènes de genre cachent en général des messages religieux et moraux.

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