Images du Louvre - Dossiers documentaires
Le Peseur d’or / Dossier documentaire 8 quentin metsys Originaire de Louvain où il naît en 1466, fils de chaudronnier, il aurait d’abord exercé le métier de forgeron jusqu’à sa vingtième année. On ne sait rien de ses premières années de formation à Louvain, mais on pense qu’il fut élève de Dirk Bouts. Il s’installe à Anvers en 1491 et s’inscrit à la guilde des peintres. La ville attire alors de nombreux artistes tels Jan de Cock, Joos van Cleve, Gérard David ou Joachim Patinir, avec lequel il travaille et qui devient son ami. Durant le premier tiers du 16 e siècle, Metsys devient le peintre le plus important de la ville, à la tête d’un atelier attirant de nombreux apprentis, venant parfois de loin, et des artistes originaires des Pays-Bas, d’Allemagne, qui séjournent dans la ville. Ainsi en est-il de Cranach, Gossaert, Holbein, Lucas de Leyde et de Dürer. Il était aussi proche des humanistes les plus célèbres de son temps : Érasme, Peter Gillis (dont il fit le portrait) et Thomas More. Metsys réalisa de nombreuses œuvres : des portraits, des œuvres religieuses et des scènes de genre parfois satiriques. Certaines de ses œuvres montrent qu’il était informé de la Renaissance italienne. Sans que l’on sache par quelles voies, il emprunte à Vinci du vivant de ce dernier jusqu’à la citation. Les nombreuses allusions religieuses sont confrontées aux pièces d’or et d’argent manipulées par le changeur. L’œuvre serait donc une allégorie de la cupidité et de l’avarice, voire de la luxure, traditionnellement associées à la représentation de l’argent, des bagues et des joyaux. Réalisée à une époque de profondes transformations économiques dans une ville où la richesse afflue, cette peinture pose la question des rapports de la religion à l’argent. Traditionnellement, l’Église chrétienne voit dans l’argent un danger moral et éprouve une méfiance originelle à son égard : dans les Évangiles, Jésus met en garde contre «Mammon », le dieu de l’argent, et il est lui-même trahi par Judas qui le vend en échange de pièces d’or. L’œuvre traitée avec subtilité est difficilement réductible à une simple dénonciation de l’argent et de la cupidité collective des riches marchands mais évoque davantage un risque dont chacun doit se garder. La balance parfaitement équilibrée qui est au centre des regards peut être lue comme une invitation à résister à la tentation de l’argent et à maintenir un équilibre fragile entre vie matérielle et vie spirituelle. la réception de l’œuvre Sans connaître le destinataire exact de cette œuvre, on sait que de riches bourgeois anversois, des marchands banquiers germaniques composaient la clientèle du peintre et appréciaient ce type de peinture. Au 17 e siècle, l’œuvre est célèbre. Le peintre Willem van Haecht, dans un tableau très connu appelé L’Atelier d’Apelle (vers 1630), montre une collection imaginaire d’œuvres d’art réelles, dans laquelle le tableau de Metsys figure bien en vue au premier plan au côté d’objets précieux, d’antiques et de tableaux. L’œuvre devient un prototype de la scène de genre d’argent et inspire beaucoup d’artistes, en particulier le peintre Marinus van Reymerswaele qui réalisa de nombreuses scènes de genre dérivées du Peseur d’or de Quentin Metsys. Ainsi, dans Les Collecteurs d’impôts, il reprend la composition d’ensemble de Metsys mais il caricature les expressions et les attitudes des personnages. La dénonciation morale de la cupidité et de l’appât du gain se lit ici sans ambiguïté.
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