Images du Louvre - Dossiers documentaires
Le Peseur d’or / Dossier documentaire 4 aborder l’ œuvre Le tableau nous présente un couple attablé à l’intérieur d’une boutique. La femme, assise à notre droite, interrompt sa lecture pour se tourner vers l’homme occupé à équilibrer une balance. Ils sont légèrement penchés l’un vers l’autre. Une variété d’objets est disposée derrière eux sur deux étagères et, devant eux, sur le tapis vert qui recouvre la table. Avec ses trois plans (la table et les objets / le couple / le mur et les deux étagères), l’espace est peu profond, et ce malgré deux ouvertures : celle ménagée par une porte dans l’angle supérieur droit et celle suggérée par le reflet dans un miroir posé vers le milieu, sur le devant. La femme est vêtue d’une robe rouge serrée à la taille par une ceinture de couleur grise, qui s’accorde avec les fourrures de petit-gris qui bordent le décolleté en pointe et l’extrémité des manches. Fixée par une épingle dorée, une coiffe immaculée encadre son visage, surmontée d’un étrange chapeau marron qui ne semble formé que de plis. Malgré l’orientation du visage et le mouvement du corps, le regard reste vague. L’homme est comme l’image inversée de la femme. Son corps est aussi incliné et sa tête penchée, les yeux mi-clos. Également serré à la ceinture, garni de fourrure et animé de plis, son vêtement n’a pas l’éclat de celui de sa voisine ; l’ombre accentue encore l’aspect grisâtre de la teinte bleutée. La tête est couverte d’un chapeau très sombre. Soulignée formellement par la symétrie, l’opposition si marquée entre l’homme et la femme n’est que la conséquence de leur activité. Le coude appuyé sur la table, la main levée, l’homme tient un trébuchet, fine balance qui sert à peser les monnaies. Ce côté masculin du tableau, relativement sombre (le vêtement, avec les ombres en dégradé et la table, avec les ombres projetées), oppose le personnage aux matières précieuses et aux objets de valeur : un tas de pièces d’or, quatre bagues sur un rouleau, cinq poids dorés, des perles sur un tissu noir et, à gauche, un vase somptueux, un hanap qui, dans l’éclat du cristal et de l’or, témoigne d’un travail d’orfèvre. De l’autre côté, un seul objet, un livre religieux illustré sur la page de droite par une Vierge à l’Enfant. Les mains féminines sont à la fois superposées et croisées : l’une d’elles maintient une page en l’air, nous dévoilant ainsi la miniature. Le couple, lui attentif, elle pensive, partage un instant suspendu, matérialisé par la page du livre et par la balance. Les objets sur les étagères semblent renforcer la distribution des rôles. Derrière lui : une boîte ronde, une enfilade de six boules en verre (peut-être un dizain ), une carafe (ces trois objets sont dans l’ombre), un autre trébuchet, un fruit devant un plateau circulaire, des feuillets. Derrière elle : deux livres, deux recueils (sur l’un sont inscrits verticalement le nom du peintre et la date du tableau), une bougie éteinte. Entre les deux : un étui, une boîte et un registre. Dans l’angle supérieur droit, une porte entrouverte donne sur l’extérieur et sur une scène pittoresque : un homme au menton proéminent admoneste de sa bouche ouverte et de son index levé un quidam à l’air ébahi. Enfin, au tout premier plan et associé par sa situation au côté féminin, coloré et lumineux, un miroir ovale et convexe offre au spectateur du tableau – et à lui seul – une scène d’un tout autre registre. L’image réfléchie, bien que miniature et déformée, est extrêmement précise. Un homme vêtu et coiffé de rouge est absorbé dans la lecture d’un livre, sa main gauche posée sur le rebord d’une fenêtre. La partie supérieure de celle-ci, l’imposte, ornée de vitraux dont les couleurs sont en harmonie avec celles des enluminures, s’infléchit, par la déformation du miroir, vers le livre et vers la lectrice. On y aperçoit aussi l’aile d’un bâtiment, des arbres et la pointe d’un clocher. C’est une image radieuse qui se détache à la fois de la pièce obscure et du bleu du ciel, clair et lumineux.
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