Rapport d'activité 2019

81 Des collections nationales pour tous situation de conflit, en mobilisant la com- munauté internationale et, récemment, en participant à la création d’ALIPH (Alliance internationale pour la protection du patri- moine dans les zones en conflit) en 2017. Un travail particulièrement recherché a été réalisé sur la signalétique et l’habillage gra- phique des murs de l’exposition révélant des relevés archéologiques des signes et symboles forts de la civilisation hittite ainsi que de grandes vues dans le cadre d’une scénogra- phie aux éclairages pensés pour souligner statuaire monumentale comme bas-reliefs délicats, bijoux, sceaux ou figurines. Un catalogue de cette exposition a été tiré à 4 000 exemplaires. Interview de Monsieur Vincent Blanchard, conservateur au département des Antiquités orientales et commissaire de l’exposition «Royaumes oubliés. De l’empire hittite aux Araméens » Quelle est l’origine du projet de l’exposition «Royaumes oubliés. De l’empire hittite aux Araméens » ? L’idée est née du souhait d’emprunter au Pergamonmuseum de Berlin, actuellement en rénovation, la prestigieuse collection de Tell Halaf, notamment les grandes statues de basalte datées du 10 e siècle avant Jésus- Christ, époque où le site s’appelait Gouzana et était la capitale du royaume araméen du Bît Bahiani. Ces sculptures, détruites pendant la Seconde Guerre mondiale et dont les fragments ont été conservés dans les caves du Pergamonmuseum pendant la guerre froide, ont fait l’objet d’une impressionnante campagne de restauration dans les années 2 000. Il est alors apparu intéressant d’étendre l’exposition aux autres royaumes néo-hittites et araméens qui naissent entre le Nord de la Syrie et le Sud-Est de la Turquie actuelle au début du 1 er millénaire avant Jésus- Christ. Ceux-ci n’avaient en effet jamais été le sujet d’une grande exposition rétrospective comme celle-ci. Comment s’est articulé le parcours de l’exposition? L’exposition commençait par l’évocation de l’empire hittite à son apogée, en Anatolie et au Levant. Cette importante puissance était capable de rivaliser avec l’Égypte, avec qui elle a noué des alliances ou contre qui elle a fait la guerre comme lors de la bataille de Qadesh. La deuxième partie a présenté les héritiers de l’empire hittite : les États néo-hittites et araméens, en particulier les cités de Karkemish et Malizi, qui ont gardé à leur tête les descendants des anciens gouverneurs hittites, et les cités de Sam’al et Hama où s’est installé un peuple jusque-là dans l’ombre : les Araméens. La troisième partie a fait un focus sur un de ces royaumes, celui du Bît Bahiani pour lequel a été retracée l’incroyable histoire de la collection de Tell Halaf découverte par Max von Oppenheim en 1911, mais aussi la formidable restauration des pièces du musée de Berlin très fortement endommagées dans les bombardements de la Seconde Guerre mondiale : 27 000 fragments ont été réassemblés en une centaine de statues, reliefs et éléments d’architecture. Ce parcours s’achevait avec la quatrième partie consacrée aux puissances voisines de ces États, qui ont partagé des traits culturels communs comme l’Urartu dans les montagnes arméniennes et la Phénicie, mais surtout les Assyriens qui ont conquis tous ces royaumes un à un. À cette occasion, la langue araméenne et l’art néo-hittite et araméen se sont répandus et ont imprégné tout le monde assyrien. C’est un véritable défi de s’attaquer à un sujet peu connu du grand public ? Oui, nous avons parlé de peuples, les Hittites et les Araméens, et d’un moment de l’histoire du Proche- Orient ancien très peu connus du grand public. Pourtant, l’exposition a attiré près de 160 000 visiteurs, notamment parce que ces royaumes ont laissé des vestiges spectaculaires que l’exposition a mis en scène pour rappeler que l’histoire du Proche-Orient avant les conquêtes d’Alexandre ne se limite pas à l’Égypte, la Mésopotamie et la Perse. C’est une des missions du musée du Louvre de faire découvrir au public des sujets auxquels il ne s’attend pas, pour lui montrer la richesse et la diversité de l’histoire et du patrimoine de l’humanité.

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