Rapport d'activité 2019

163 Un musée national et universel Interview de Monsieur Zaid Ghazi Saadallah, directeur du musée de Mossoul Qu’est-ce que le musée de Mossoul ? L’idée de créer un musée est née en 1940 à l’emplacement d’un pavillon royal. En 1950, le gouvernement irakien a décidé de convertir cet édifice en musée, inauguré par le roi Faisal II le 27 mars 1952. Ce musée comprenait alors deux salles d’exposition contenant des objets provenant de Nimrud et Hatra. En 1958, une troisième salle dédiée aux arts islamiques a été créée. Après plusieurs années et avec l’accroissement des collections issues de fouilles, il a été indispensable de bâtir un nouveau musée, en 1970, dans les jardins du pavillon royal. C’est le bâtiment de l’actuel musée, d’une superficie de 1 500 mètres carrés, conçu par l’architecte irakien Mohammad Makia et financé par la Fondation Gulbenkian. Le musée, inauguré en juillet 1974, a été construit selon le style local inspiré de vestiges antiques mésopotamiens. Le musée comprenait quatre galeries d’exposition disposées chronologiquement, en commençant par la préhistoire pour arriver à l’époque assyrienne, puis à la culture de Hatra jusqu’à la civilisation islamique. La plupart des objets exposés étaient des statues et des reliefs en pierre mais aussi des peintures, des objets métalliques ou des vestiges organiques. Parmi les œuvres majeures : des statues de taureaux ailés ( lamassu ), une base de trône assyrienne, la fameuse stèle du banquet ou un précieux panneau mural représentant le dieu des enfers (Nergal) de la ville de Hatra ainsi que d’importants cénotaphes en bois. Le musée de Mossoul est le deuxième musée le plus important de Mésopotamie après le musée national d’Irak à Bagdad. Il occupe une position distinguée parmi les autres musées irakiens. Quelles ont été les destructions récemment perpétrées au musée de Mossoul ? Le patrimoine culturel irakien a été endommagé par la guerre et par le chaos qui régnait dans le pays après que l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) a pris Mossoul le 9 juin 2014. Le musée de Mossoul a été alors soumis à d’intenses opérations de destruction et de pillage de ses œuvres, tout en vandalisant le bâtiment lui-même jusqu’à son incendie. Dès le 10 juin 2014, l’État islamique s’est installé dans le musée et il est devenu impossible de savoir ce qui s’y passait exactement. Le 26 février 2015, un film de l’État islamique, diffusé sur les réseaux sociaux dans le monde, montrait la destruction de la plupart des objets exposés dans les galeries du musée consacrées aux sites assyriens et à celui plus tardif de Hatra, eux-mêmes vandalisés. Quelles sont vos attentes concernant ce projet de coopération? Après la libération de la ville en juin 2017, le musée nécessitait une rénovation complète concernant tant son bâtiment que les collections qui avaient pu être sauvées du pillage et du vandalisme. Nous avons pris des mesures urgentes de sauvetage pour le bâtiment, notamment des dispositifs de drainage de l’eau, qui a causé de graves dommages à l’édifice après son incendie, ainsi que le fait de boucher toutes les ouvertures menant au musée. Sous l’autorité du State Board of Antiquities and Heritage (SBAH) et avec un financement de l’Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit (ALIPH), en collaboration étroite avec le musée du Louvre et la Smithsonian Institution, un état des lieux détaillé et un plan d’action complet jusqu’à la réouverture du musée ont été établis. Il est notamment prévu de restaurer les œuvres en partie détruites dans les galeries d’Assyrie et de Hatra avec l’aide du musée du Louvre. Nous espérons que ce projet qui devrait mener à la réhabilitation complète du musée pourra se poursuivre et entrer dans une phase active dès 2020.

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