La Chaire du Louvre 2020
PEINDRE L’ARCHITECTURE DURANT LA RENAISSANCE ITALIENNE Dès l’aube de la Renaissance, la mise au point de la perspective centrale et les tentatives d’appropriation de l’héritage classique ont favorisé le renouveau de la représentation fictive de l’architecture. Cette tradition léguée par l’Antiquité romaine avait connu, sous des conditions certes différentes, un premier essor en Italie à partir de la fin du 13 e siècle. La fortune dont cette pratique bénéficia est surtout due à des artistes au profil polyvalent suscitant des interactions et des glissements entre les genres artistiques. Le «peintre-architecte» recourut à la toile ou la paroi, moins contraignantes que les matériaux de construction, pour expérimenter de nouvelles typologies et de nouveaux langages jusqu’à concevoir de véritables projets d’architecture. Les enjeux sont multiples et vont de l’évocation d’un contexte historique, souvent guidée par un souci d’authenticité, en passant par l’adoption ou même la critique de créations récentes, jusqu’à la vision de la ville idéale et l’illustration d’une théorie. En s’interrogeant sur l’apport des tableaux de chevalet, fresques, dessins, tapisseries, marqueteries ou reliefs, on perçoit mieux les contaminations entre les sphères réelle et virtuelle et ainsi l’évolution des langages architecturaux. Propice à exprimer de manière éloquente des valeurs narratives et symboliques, l’espace illusionniste et le monument feint connurent un formidable essor au service des concepts religieux, des idéologies politiques ou encore des stratégies de légitimation et d’autoglorification des souverains et des princes de l’Église. Favorisée par la gravure et les traités, la dissémination en Europe du riche éventail de modèles forgés dans les centres artistiques de la péninsule comme Florence et Rome incita à des synthèses inédites avec des traditions locales et des adaptations aux nouveaux penchants artistiques.
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