Rapport d'activité 2018
Rapport d’activité - 2018 74 Interview de Monsieur Xavier Salmon, conservateur général, directeur du département des Arts graphiques En 2018, une salle de médiation dédiée aux techniques du dessin, du pastel, de la miniature et de l’estampe, au niveau de la rotonde Sully, a été ouverte et rencontre un grand succès auprès du public. Pourquoi avoir créé une salle de médiation pour les arts graphiques ? Du fait de la nécessité de conservation, le département des Arts graphiques présentait jusqu’alors ses œuvres à l’occasion des expositions temporaires organisées pendant de nombreuses années dans les salles Sully au deuxième étage de la cour Carrée et dans les salles Mollien. Il n’était donc possible pour le visiteur d’admirer des dessins ou des estampes que pendant neuf mois chaque année. Seuls quelques pastels et quelques miniatures demeuraient exposés de manière presque permanente dans les salles du musée. En 2014, décision fut prise de confier au département les salles de l’histoire du Louvre pour pouvoir y organiser les expositions temporaires. Ces beaux espaces situés à proximité immédiate de la Pyramide ont indéniablement donné plus de visibilité à nos expositions. La première à s’y être déroulée fut dédiée en 2016 au collectionneur suédois Carl Gustaf Tessin. Depuis, les thématiques se sont succédé et ont permis à notre public d’habitués, mais aussi à de nouveaux visiteurs, de prendre possession des lieux. Il y a deux ans, le département, avec le soutien de Jean-Luc Martinez, a souhaité dédier une partie des espaces à une présentation permanente afin que tout au long de l’année chacun puisse découvrir des œuvres graphiques. Il nous semblait que la thématique de ce nouvel espace devait être différente de celle qui pouvait être abordée à l’occasion des expositions temporaires et surtout constituer une introduction aux arts graphiques. C’est pourquoi nous avons choisi d’y présenter les techniques. Qu’y présentez-vous ? La nouvelle salle de médiation imaginée en collaboration avec le service de l’architecture est construite autour d’une table centrale où sont réunis plusieurs vitrines et des textes qui présentent les matériaux, les outils et les gestes liés aux techniques graphiques. Avec l’aide de la médiation, six grandes familles ont été distinguées : les supports du dessin (parchemin et papier), les techniques sèches, les techniques humides, le pastel, la miniature et l’estampe. Pour chacune, il a été nécessaire d’identifier les matériaux, minéraux ou organiques, d’expliciter la manière dont ils étaient utilisés, de montrer les outils et, à l’aide d’écrans tactiles, d’illustrer les gestes. Afin que le visiteur puisse aussi distinguer les techniques, une jeune artiste a reproduit plusieurs fois le même dessin en utilisant par exemple la mine de plomb, la pierre noire, la sanguine, l’encre métallogallique, l’aquarelle, la gouache ou bien l’huile. Chacune de ces images a été associée aux matériaux et aux outils. Il en a été de même avec l’art de l’estampe où l’on peut ainsi distinguer la gravure sur bois du burin ou de l’eau-forte. Tout autour de cette table centrale, les vitrines murales permettent d’exposer des œuvres appartenant aux collections du département en les associant à chacune des techniques. Ce choix sera renouvelé tous les quatre mois. Comment le public s’est-il approprié cette démarche? L’un des premiers aspects qui peut intéresser le public lorsqu’il est confronté à une œuvre d’art est de comprendre comment celle-ci a été créée. En lui montrant les œuvres et les matériaux ainsi que les outils, il découvre une partie du processus de création. Depuis l’ouverture de l’espace, il est manifeste que cette démarche intéresse un public que nous avons souhaité le plus large possible, réunissant à la fois les spécialistes et les visiteurs les moins avertis. La table centrale attire indéniablement l’attention et il est amusant de voir combien le public du Louvre la découvre attentivement avant d’aller ensuite voir les dessins et les estampes exposés à proximité.
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