Rapport d'activité 2018

51 Des collections nationales plus accessibles Interview de Monsieur Vincent Rondot, conservateur général, directeur du département des Antiquités égyptiennes En quoi a consisté le 14 e Congrès des études nubiennes ? Du 10 au 14 septembre 2018 s’est tenu, au musée du Louvre et à l’Institut national d’histoire de l’art, le 14 e Congrès international des études nubiennes, organisé conjointement par le département des Antiquités égyptiennes et le Centre de recherches égyptologiques de Sorbonne Université. À l’échelle d’une discipline – l’histoire et l’archéologie de la vallée du Nil au Soudan et, dans une moindre mesure, en Égypte antique –, ce rendez-vous prend place tous les quatre ans et réunit quelque quatre cents spécialistes internationaux. Ouverte à tous les métiers de l’histoire ancienne et de l’archéologie tels qu’ils sont pratiqués aujourd’hui, cette réunion est l’occasion de faire un point sur les progrès des connaissances dans tous les domaines et fait suite au précédent congrès qui s’était tenu en 2014 au Laténium de Neuchâtel et dont les Actes ont été présentés à Paris. Il sera suivi en 2022 par le Congrès de Varsovie, célébrant le cinquantenaire de la Société internationale des études nubiennes. Pourquoi a-t-il été accueilli au Louvre ? L’histoire de l’investissement du Louvre dans l’archéologie du Soudan ancien est récente et doit beaucoup à l’action de la direction générale du musée. En revanche, l’action de la recherche française dans la redécouverte des antiquités des royaumes kouchites au sud de la cataracte d’Assouan est ancienne et remonte à l’époque des découvreurs du 19 e siècle, avec notamment les voyages de Frédéric Cailliaud et Louis Maurice Adolphe Linant de Bellefonds, surtout connu pour sa participation à l’aventure du canal de Suez. Alors que nombreux sont les musées qui investissent de tradition dans la recherche archéologique au Soudan, le Louvre restait quelque peu à l’écart jusqu’à ce qu’il lance, en 2007, une fouille programmée dans la région de Méroé. Sans doute peut-on regretter que les collections du Louvre en archéologie soudanaise soient si peu nombreuses, et pourtant, les progrès faits par l’égyptologie aujourd’hui empêchent désormais de faire l’impasse sur ce qui se passait dans les royaumes voisins de Kerma, Napata puis Méroé. La tenue de ce congrès au Louvre s’explique également par le fait que j’étais depuis huit ans le président de la Société internationale des études nubiennes. À ce titre me revenait l’organisation de la manifestation à Paris… Quelles conclusions majeures ont émergé de cet événement ? Les actes du Congrès de Neuchâtel sont désormais publiés sous le titre Nubian Archaeology in the 21st Century (Louvain, 2018). Les organisateurs du Congrès de Paris ont souhaité mettre l’accent sur trois points qui illustrent de manière claire les grands thèmes dans lesquels la recherche et la protection du patrimoine soudanais font en ce moment les plus grand progrès : en Égypte, l’étude de la 25 e dynastie et, au Soudan, les développements importants de l’archéologie de terrain ainsi que les opérations de site management dans un pays qui n’a que peu de tradition en la matière et à une époque où les bouleversements économiques deviennent exponentiels. Une meilleure connaissance historique de la 25 e dynastie dite « éthiopienne » (715-664 av. J.-C.) de Manéthon est désormais possible grâce à une étude plus aboutie des sources, épigraphiques comme archéologiques, notamment à Thèbes. Au Soudan, le financement offert par le programme bilatéral Qatar-Sudan Archaeological Project a permis le développement d’opérations archéologiques de toutes natures (survey, fouille de sauvetage, fouilles programmées) ; il a par ailleurs encouragé la réflexion et l’action sur les questions de protection et de mise en valeur des sites archéologiques.

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