Rapport d'activité 2018
153 Une présence renforcée en France et dans le monde Interview de Monsieur Valéry Freland, directeur exécutif d’ALIPH Comment ALIPH a-t-elle été créée ? ALIPH – ou Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit – a été créée en réaction à la destruction massive, intentionnelle ou collatérale, ces dernières années, du patrimoine culturel au Sahel et au Moyen-Orient. ALIPH doit beaucoup au musée du Louvre et à ses équipes. Elle est l’une des réalisations concrètes du rapport de Jean-Luc Martinez, président- directeur du musée du Louvre, rédigé en 2015 à la demande du président de la République française, et formulant «Cinquante propositions pour protéger le patrimoine de l’humanité ». À l’initiative de la France et des Émirats arabes unis, la conférence internationale d’Abou Dabi sur le patrimoine en danger de décembre 2016 a débouché, en mars 2017, sur la création de la fondation ALIPH et l’organisation au Louvre d’une conférence des donateurs. ALIPH a en effet pour originalité d’être une « alliance » public-privé réunissant aujourd’hui, outre la France et les Émirats, l’Arabie saoudite, le Koweït, le Luxembourg, le Maroc, la Chine et la Suisse, ainsi que des personnalités et institutions de la société civile comme The Andrew W. Mellon Foundation et les philanthropes Thomas S. Kaplan et Jean-Claude Gandur. Qu’est-ce qu’ALIPH? Fondation de droit suisse basée à Genève et bénéficiant du statut d’organisation internationale, ALIPH a pour objectif de soutenir des projets concrets de prévention, de protection ou de réhabilitation du patrimoine culturel dans des régions en conflits ou en situation de post-conflits. Son conseil de fondation, présidé par Thomas S. Kaplan et vice-présidé par rotation par les représentants émirien et français, respectivement Mohamed Al Mubarak et Bariza Khiari, réunit les différents partenaires publics et privés, ainsi que des personnalités qualifiées. Son comité scientifique, composé d’experts du patrimoine culturel issus de différents pays, est présidé par Jean-Luc Martinez. J’anime pour ma part, avec mon adjointe France Desmarais, en charge des questions scientifiques et des subventions, le secrétariat d’ALIPH avec un très grand souci de réactivité, d’efficacité et de concret. Sur les 77,5 millions de dollars de promesses de dons, 60 millions ont d’ores et déjà été versés : ce capital est appelé à être consolidé à travers de nouvelles levées de fonds auprès de donateurs publics ou privés. Pour les trois prochaines années, ALIPH souhaite consacrer environ 30 millions de dollars au soutien à la protection du patrimoine dans les zones en conflit. Quels sont les projets soutenus par ALIPH? ALIPH ambitionne de couvrir la diversité des besoins sur le terrain. À cet effet, elle a lancé, en janvier 2019, un très large appel à projets et mis en place une procédure d’urgence, afin de faire face aux risques imminents d’atteinte au patrimoine. D’ores et déjà, ALIPH a soutenu un programme de formation à l’architecture de terre, organisé par le Getty Conservation Institute, et l’exposition «Cités millénaires », présentée à l’Institut du monde arabe. La fondation finance également : – la phase initiale de réhabilitation du musée de Mossoul (Irak), pour un montant de 487 000 dollars. Cette étape décisive, qui consiste à évaluer les dommages perpétrés par Daesh et à formuler des propositions en vue de réhabiliter cette institution culturelle symbolique, a été confiée au musée du Louvre et à la Smithsonian Institution, qui travaillent étroitement avec le Conseil national irakien des antiquités et du patrimoine ; – le projet de restauration du tombeau des Askia à Gao (Mali), dont la situation s’est particulièrement dégradée depuis l’occupation de la ville par des groupes armés en 2012-2013. Ce projet, mené par la Direction nationale du patrimoine culturel du Mali, en collaboration avec l’association CRAterre, est financé par ALIPH à hauteur de 500 000 dollars ; – la réhabilitation, par l’association Fraternité en Irak, du monastère de Mar Behnam, dans le nord de l’Irak, détruit par Daesh en 2015. Notre soutien est de 250 000 dollars. Pour ALIPH, protéger le patrimoine, c’est construire la paix. À travers les projets que nous soutenons, au plus proche des acteurs de terrain, nous ambitionnons de contribuer aux processus de réconciliation, au développement local, à la diversité culturelle ou au rétablissement du lien social.
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