Rapport d'activité 2018
145 Une présence renforcée en France et dans le monde Interview de Monsieur Guy Tosatto, directeur du musée de Grenoble L’exposition «Servir les dieux d’Égypte » a été l’une des plus fréquentées de l’histoire du musée de Grenoble, comment expliquez-vous ce succès ? Avec plus de 136 000 visiteurs en trois mois, «Servir les dieux d’Égypte » est notre deuxième record d’affluence pour une exposition temporaire. Plusieurs facteurs ont contribué à ce succès. D’abord, la fascination qu’exerce l’Égypte ancienne sur le public français. Cela tient à la beauté des œuvres et des objets qui nous sont parvenus, à leur état de conservation extraordinaire, et au haut degré de culture de cette civilisation. Sa dimension mystérieuse aussi avec sa religion, ses cultes, son écriture : les fameux hiéroglyphes, et leur énigme conservée jusqu’à Champollion. Ensuite, le thème de l’exposition. Un sujet original – imaginé par Florence Gombert-Meurice – qui donne à voir une autre Égypte, celle de la Troisième Période Intermédiaire. Moins connue, moins célébrée et dont l’étude, en plein développement, réserve nombre de découvertes. Ainsi, la place des femmes dans le temple de Karnak, dont on se rend compte aujourd’hui de l’importance ; le rôle de la Divine adoratrice, celui des chanteuses d’Amon… des thèmes au cœur de la recherche égyptologique actuelle, en prise directe avec certaines problématiques contemporaines. En outre, l’ambition du projet – 270 œuvres présentées – et l’espace disponible à Grenoble – 1 500 m² – permettaient de traiter avec ampleur et générosité tous les aspects de ce sujet. Enfin, la scénographie, sobre et spectaculaire, de Cécile Degos a aussi largement contribué au succès de l’exposition. Nombreux sont les visiteurs qui nous ont remerciés pour « ce merveilleux voyage » qu’ils avaient accompli, pour « la magie des couleurs et des lumières ». En quoi l’apport du musée du Louvre a-t-il été important ? Jean-Luc Martinez a répondu spontanément et avec beaucoup de générosité à ma demande de partenariat pour une exposition autour de nos collection d’antiquités égyptiennes. Un enthousiasme que j’ai ensuite trouvé chez Vincent Rondot. Le musée de Grenoble est avant tout un musée des « beaux-arts », tourné vers les arts plastiques. Il n’y a aucun conservateur compétent pour le domaine de l’archéologie antique, a fortiori concernant l’Égypte. De la conception à la mise en forme jusqu’à la réalisation du catalogue (avec l’aide inestimable de Frédéric Payraudeau), tout a été pensé et conçu grâce à l’engagement sans faille du département des Antiquités égyptiennes du Louvre et plus particulièrement celle de Florence Gombert-Meurice. Cela s’est aussi traduit par un prêt exceptionnel de 200 œuvres et objets, dont 40% ont été extraits des réserves et beaucoup restaurés. C’était le corps principal de l’exposition, complété par des pièces de notre fonds et des prêts de grands musées européens. Enfin, il y a eu un apport technique très riche qui allait des connaissances poussées dans le domaine de la conservation préventive (notamment le dispositif spécifique pour les bronzes antiques) au savoir-faire et à la maîtrise de l’éclairage. En définitive, des apports très appréciables couvrant de multiples champs dont le moindre des effets ne fut pas la mise en valeur de nos collections égyptiennes et leur réappropriation par l’équipe de médiation du service des publics. Comment le Louvre et Grenoble peuvent-ils poursuivre leur partenariat ? Lors de mes rencontres avec Jean-Luc Martinez, je lui avais dit que l’exposition ne devait être qu’une première étape dans une démarche qui conduirait le musée de Grenoble à réaliser une nouvelle présentation de ses collections. En somme, inscrire le musée, grâce à une grande exposition sur l’Égypte, dans une dynamique pour, à l’horizon 2022 – date du bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion –, inaugurer cette nouvelle présentation, cela avec le soutien du musée du Louvre. Une aide scientifique, pour tirer le meilleur parti de nos collections, mais également les rendre plus accessibles au public grâce à un appareil pédagogique adapté et novateur, de même qu’un soutien d’ordre patrimonial, avec des dépôts qui viendraient compléter et parfaire le nouveau parcours élaboré ensemble.
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