Dossier pédagogique Léonard de Vinci

17 « L e L ouvre ne veut pas prêter la J oconde » Hormis son vol en 1911, la Joconde n’a quitté les salles du musée du Louvre qu’à deux reprises, et à chaque fois son déplacement a fait sensation : en 1963, pour être exposée à Washington et à New York, et en 1974 pour rejoindre une exposition à Tokyo, puis à Moscou. Pourquoi le Louvre ne prête pas la Joconde à des musées pour en faire profiter d’autres publics que ses visiteurs ? Cette interrogation revient très régulièrement. La raison en est simple : aujourd’hui, à cause du mauvais état de son support (un panneau de bois de peuplier d’à peine 12 millimètres d’épaisseur, désormais courbé et fendu), le tableau ne peut plus être prêté, ni quitter son caisson isotherme, si ce n’est une fois par an pour des études sur son état de « santé ». Les chocs climatiques et les vibrations d’un transport pourraient avoir de terribles conséquences. Mais son effigie nous la retrouvons partout : au cinéma, dans des romans et des bandes dessinées, sur des affiches publicitaires... L’image de la Joconde est entrée jusque dans notre quotidien. Elle est reproduite sur des milliers d’objets et de gadgets. Une collection comprenant 11 000 objets la reproduisant a été récemment donnée au musée du Louvre par un chercheur en hydrologie, Jean Margat, qui a consacré des années à rechercher, rassembler et cataloguer le plus grand nombre de gadgets (mais aussi d’œuvres d’art, timbres, cartes postales, affiches et livres) à l’image de la Joconde . P our aller plus loin  : la naissance d ’ un mythe La Joconde est probablement aujourd’hui le tableau le plus célèbre du monde. L’histoire de cette renommée commence dès sa création : la Joconde est déjà copiée par plusieurs artistes du vivant de Léonard. Toutefois, c’est à Giorgio Vasari que l’on doit d’avoir créé la légende autour du tableau : en 1550 (soit plus de 30 ans après la mort du peintre), il publie Vies des artistes, ouvrage dans lequel il décrit la Joconde comme une «œuvre plus divine qu’humaine, tenue pour merveille parce que la vie ne se présente pas autrement ». Des siècles plus tard, en 1911, la célébrité de la Joconde est renforcée par un événement qui fit scandale : son vol, par un Italien qui souhaitait restituer l’œuvre à son pays. La disparition du tableau est annoncée partout et la Joconde est reproduite dans de nombreux journaux, diffusant ainsi largement son image. Retrouvé deux ans plus tard, le tableau acquiert alors un véritable statut d’icône de l’art. Depuis lors, la Joconde continue à fasciner mais elle est également devenue le symbole, pour les artistes modernes, d’un certain classicisme de l’art, à remettre en cause et à dépasser, ce qui explique les nombreux détournements dont elle a fait l’objet. Parmi les plus célèbres, on peut citer L.H.O.O.Q de Marcel Duchamp en 1919 ou l’ Autoportrait en Mona Lisa de Salvador Dali en 1954. Les artistes contemporains se sont eux aussi saisis du célèbre visage, que l’on retrouve dans des œuvres d’Andy Warhol, de Robert Rauschenberg, de Jean-Michel Basquiat ou encore de Banksy, pour n’en citer que quelques-uns.

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