Puccini et le Met, c’est une longue
histoire d’amour !
La Fanciulla del West
et
Il Trittico
furent ainsi créés pour et
sur la scène new-yorkaise, tandis que le
rideau métropolitain s’est déjà levé plus
de mille deux cents fois sur
La Bohème
depuis 1900, record et série en cours.
Autres chouchous du public,
Tosca
, bien
sûr, mais aussi
Madame Butterfly
, que
Peter Gelb avait choisi pour inaugurer
son mandat à la tête de l’institution en
2006. Réalisateur multi-oscarisé pour
Le Patient anglais
, Anthony Minghella
y signait une mise en scène tout en
retenue et en pudeur, reprise par son
épouse Carolyn Choa à sa mort en 2008.
De ce théâtre de l’intime, assumant sans
ostentation l’exotisme de la partition,
on retiendra le miroir qui nous révèle les
sentiments des personnages hors champ,
les lanternes si poétiques du duo de l’acte I
entre Cio-Cio-San et Pinkerton et surtout la
sublime trouvaille de Minghella pour le fils
de Butterfly, pauvre pantin manipulé à vue
par trois marionnettistes et métaphore du
destin tragique de l’héroïne, incarnée ici
par la stupéfiante Patricia Racette.
Opéra en deux actes, livret de Giuseppe Giacosa
et Luigi Illica. Orchestre, chœur et ballet du
Metropolitan Opera,
dir.:
Patrick Summers.
Mise en scène :
Anthony Minghella ;
chorégraphie :
Carolyn Choa ;
décors :
Michael Levine ;
costumes :
Han Feng ;
lumières :
Peter Mumford ;
marionnettes :
Blind Summit Theatre.
Avec
Patricia Racette (Cio-Cio San, dite «Madame
Butterfly»), Marcello Giordani (Pinkerton),
Greg Fedderly (Goro), Maria Zifchak (Suzuki),
Dwayne Croft (Sharpless).
Réal.:
Gary Halvorson.
Prod.:
Metropolitan Opera,
2009, 2 h 27.
Satyagraha
, deuxième opéra de Philip Glass,
est une œuvre qui marque un tournant
dans la production du compositeur
minimaliste. C’est en effet la première
œuvre du compositeur américain écrite
pour orchestre symphonique, même si
les passages les plus importants de l’opéra
sont composés pour le chant (voix solo et
chœur). L’œuvre est à la fois basée sur les
textes sanskrits du Bhagavad-G¯ıtˉa et des
épisodes de la vie du Mahatma Gandhi
en Afrique du Sud, lorsque, jeune avocat
engagé contre une société basée sur
la ségrégation raciale, il radicalisait sa
doctrine sur la non-violence.
Satyagraha
s’apparente plus à un spectacle rituel
qu’à un spectacle d’opéra, les créateurs
ayant d’ailleurs choisi d’en privilégier la
dimension contemplative en négligeant
le sous-titrage des textes sanskrits.
Le pari est pleinement réussi, car la
grande inventivité des moyens visuels
employés – mélange de personnages réels
et de marionnettes géantes, projections
d’images et de textes – en fait un spectacle
qui dégage un climat de fervente spiritualité.
Opéra en trois actes, livret de Constance DeJong
et Philip Glass. Texte vocal de Constance DeJong,
adapté du Bhagavad-G¯ıtˉa. Chœur et orchestre
du Metropolitan Opera,
dir.:
Dante Anzolini.
Mise en scène :
Phelim McDermott ;
décors :
Julian
Crouch ;
costumes :
Kevin Pollard ;
lumières :
Paule
Constable ;
vidéo :
Leo Warner et Mark Grimmer.
Avec
Richard Croft (M.K. Gandhi), Rachelle Durkin
(Miss Schlesen), Kim Josephson (Mr. Kallenbach),
Alfred Walker (Parsi Rustomji).
Réal. :
Barbara Willis Sweete.
Prod.:
Metropolitan
Opera / 59 Productions, 2011, 2 h 53.
Samedi 2 novembre
à 17 h
Madame Butterfly
de Giacomo Puccini
En présence de Peter Gelb
Satyagraha
de Philip Glass
En présence de Peter Gelb
Dimanche 3 novembre
à 15 h
4
5
Lulu
,
Mahagonny
,
Oedipus Rex
…
autant de productions marquantes du Met
dans les années 1970 où le nouveau jeune
directeur musical James Levine et son
acolyte le metteur en scène anglais John
Dexter à la production eurent l’occasion
de bousculer un public new-yorkais parfois
conservateur dans ses choix musicaux.
Dans une ville où le pire des crimes est
de ne pas avoir assez d’argent,
Grandeur
et décadence de la ville de Mahagonny
se livre en effet à un dynamitage en règle
du rêve américain. Du brûlot anticapitaliste
de Brecht, Dexter tire une succession de
tableaux aussi vivants et efficaces les uns
que les autres et traduisant à merveille
la nature hybride d’une œuvre où opéra,
cabaret et music-hall font bon ménage.
Difficile dans ces conditions de ne pas
tomber dans les rets de la « ville-piège »,
entre le Jimmy poignant de Richard Cassilly,
la veuve Begbick ironique à souhait d’une
Astrid Varnay à contre-emploi de ses
grands rôles wagnériens, et surtout
la Jenny incandescente de Teresa Stratas,
dont l’incarnation plus vraie que nature
a été saluée par Lotte Lenya en personne.
Opéra en trois actes, livret de Bertolt Brecht.
Chanté en anglais. Chœur et orchestre du
Metropolitan Opera,
dir. :
James Levine.
Mise en scène :
John Dexter ;
décors et
chorégraphie :
Jocelyn Herbert ;
lumières :
Gil Wechsler.
Avec
Teresa Stratas (Jenny), Richard Cassilly (Jimmy
Mahoney), Astrid Varnay (Leocadia Begbick), Cornell
MacNeill (Trinity Moses), Ragnar Ulfung (Fatty), Paul
Plishka (Alaska Wolf Joe), Arturo Sergi (Jack).
Réal. :
Brian Large.
Prod. :
Metropolitan Opera, 1979,
2 h 27.
Dans une maison attachée à son patrimoine
et à son histoire, l’une des missions de
Peter Gelb aura été de donner un coup
de jeune à certains titres du répertoire en
mettant au placard des productions parfois
vieillottes. La précédente production du
Barbier de Séville
signée John Cox avait
ainsi été reprise régulièrement pendant
près de vingt-cinq ans avant que Bartlett
Sher dépoussière le chef-d’œuvre de
Rossini pour ses débuts sur la scène
du Met en 2006. En héritier de Strehler,
Sher puise son inspiration du côté de
la commedia dell’arte, rendant à l’œuvre
sa fraîcheur première. Pas de tentative
d’actualisation, donc, mais un spectacle
réglé au millimètre, fidèle à la lettre et
à l’esprit de Rossini, bénéficiant d’une
affiche de rêve comme seul le Met est
capable d’en proposer : le Comte Almaviva
de Juan Diego Flórez et le Figaro de Peter
Mattei s’entendent comme larrons en foire
et rivalisent de virtuosité, tandis que Joyce
DiDonato en Rosina délivre une leçon de
bel canto tout en élégance et en finesse.
Opéra en deux actes, livret de Cesare Sterbini.
Chœur et orchestre du Metropolitan Opera,
dir.:
Maurizio Benini.
Mise en scène :
Bartlett Sher ;
décors :
Michael
Yeargan ;
costumes :
Catherine Zuber ;
lumières :
Christopher Akerlind.
Avec
Peter Mattei (Figaro), Joyce DiDonato (Rosina),
Juan Diego Flórez (comte Almaviva),
John Del Carlo (Dr. Bartolo), John Relyea (Don
Basilio), Claudia Waite (Berta), Brian Davis (Fiorello),
Rob Besserer (Ambrogio).
Réal. :
Gary Halvorson.
Prod. :
Metropolitan Opera,
2007, 2 h 46.
Samedi 21 décembre
à 18 h
Samedi 21 décembre
à 14 h 30
Grandeur et
décadence de la ville
de Mahagonny
de Kurt Weill
Le Barbier
de Séville
de Gioachino Rossini