Inde, vers 1630-1650 ou première moitié du XVIIe siècle
Grès rouge, décor ajouré et sculpté
H.: 1,23 m, L.: 1,02 m
Musée du Louvre, D.A.I., acquis en 2005, inv. MAO 2045

Les étés peuvent être excessivement chauds en terre d’Islam et il n’est pas rare que les ouvertures soient partiellement fermées par des ouvrages de pierre, de céramique ou de bois ; la claustra romaine prend le nom de moucharabieh dans le monde arabe et jali en Inde. Dès les Omeyyades, ces fermetures ont été installées dans les mosquées et dans les palais ; en Inde moghole, elles permettent dans les salles d’audience publique de séparer les personnes selon leur statut. Ce type d’écran ajouré, à la fois fonctionnel et décoratif est très usité durant les règnes de Akbar et Shah Jahan.
Ce jali présente une arcade polylobée qui se fond dans la résille chantournée qui couvre majoritairement la pièce. Cette arcade rappelle celle de plusieurs édifices de Shah Jahan, comme le Diwan-i Khas de Delhi. Sous l’arcade, la résille apparaît en quart-de-rond mouluré et dans chacune de ses mandorles se loge un bouquet symétrique de trois fleurs aux pétales recourbés. La sculpture de ce jali est remarquable par la variété de ses plans et par la complexité et la finesse de ses détails ; cette qualité d’exécution que l’on retrouve également au revers situe cette oeuvre à la grande époque de Shah Jahan. Le décor lui-même corrobore cette attribution, puisque le réseau floral en quinconce est le grand favori de cette période et couvre des supports aussi variés que fenêtres, tapis, textiles, marges de livres.
Un jali comparable se trouvait à Bharatpur au Rajasthan dans le palais du Raja Suraj Mall; il y avait été ramené d’Agra suite au sac de cette ville en 1761 par la confédération des Jats.