Repère historique


Trois grands empires se partagent l’ensemble des territoires : Safavide, Ottoman et Moghol ; tous les centres de décisions politiques et artistiques oeuvrant pour les commandes de cour, sont situés dans la part orientale du monde islamique ; ce monde est dominé, de Constantinople à Delhi, par une langue commune de culture, le persan.

Mehmet le Conquérant appartenait encore à un monde de transition historique et artistique. C’est aux souverains du XVIe siècle, Sélim Ier et son fils Soliman le Magnifique (r.1521-1566) qu’il revient d’avoir pleinement donné à l’empire ottoman sa forme et son expansion maximale. Les Mamlouks sont vaincus en 1517, et les Ottomans annexent ainsi la Syrie et L’Egypte, puis le Maghreb est conquis jusqu’au Maroc, qui seul demeurera un royaume indépendant. Sous le règne de Soliman l’expansion ottomane reprend en Europe orientale avec la conquête du Royaume de Hongrie (bataille des Mohacs, 1526). L’Irak et le Caucase seront âprement disputés entre les Ottomans et leurs voisins chiites, les Safavides.

Ces derniers, d’origine turque, sont souvent pris en tenaille entre les Ottomans à l’ouest et les Moghols, en Inde. Ils demeurent cependant sur le plan artistique les grands arbitres de la période. Les artistes ‘ajamî (iraniens) dominent l’atelier impérial du palais ottoman ; dans la seconde moitié du XVIe siècle, ce sont des peintres iraniens qui vont former le coeur des ateliers de peinture du Grand Moghol. A partir de 1598, Shâh Abbâs le Grand (1588-1629) lance un vaste programme d’aménagements urbains à Ispahan qui suscitera l’admiration des voyageurs européens.

En Inde, un roitelet déchu venu d’Afghanistan sème les germes de ce qui sera le plus grand empire islamique : l’empire moghol. En 1526, la bataille de Panipat lui ouvre le continent qui est déjà en partie islamisé, depuis le XIe siècle au moins. Les « Grands Moghols », Akbar (1555-1605), Jahangîr (1605-1627), Shâh Jahân (1627-1658) et Awrengzeb (1658-1707) étendent peu à peu le pouvoir moghol jusqu’à dominer la totalité de l’Inde.
Elle restera, avec ses 100 millions d’habitants à la fin du XVIIIe siècle, majoritairement non musulmane, mais fortement islamisée dans sa culture. Aux noms d’Akbar, de Jahangîr et de Shâh Jahân sont attachés de grandes réalisations artistiques dans le domaine du livre et dans celui de l’architecture dont le Taj Mahal, bâti sous le règne de Shâh Jahân.

Le début du XVIIIe siècle amorce un déclin ; les Ottomans reculent en Europe, après l’échec du siège de Vienne (1683) ; les Safavides sombrent sous les assauts d’un usurpateur afghan ; l’Empire moghol, arrivé au faîte de son extension territoriale se décompose après la mort d’Awrengzeb.
La fin du XVIIIe siècle marquera, par ses tentatives de réforme - en particulier chez les Ottomans - et par l’expansion européenne et son aventure scientifique (expédition d’Égypte, 1798), un nouvel âge.