Mîr 'Alî

Page de calligraphie en nasta'liq
XVIe siècle (calligraphie) ; vers 1650 (marges)
Iran (calligraphie ; Inde (marges)
Encre, gouache et or sur papier
H. :15,9 cm ; L. : 7,7cm. ; page : H. : 36,8 cm. ; L. : 25,1 cm.
Musée du Louvre, legs de Georges Marteau (1858-1916) ; provient de G. Demotte
OA 7157

Les pages de l'album impérial moghol dont ce poème copié dans la première moitié du XVIe siècle faisait partie, ont été dispersées vers la fin du XIXe siècle.
Le décor des marges a été réalisé en Inde dans l'atelier impérial moghol, à la fin du règne de Châh Jahân. On trouve plusieurs pages de même dimension (37 x 25 cm. environ), qui proviennent certainement du même album, à la Sackler Gallery (Washington) ; d'autres pages du même album ont abouti dans d'autres collections.
Chaque marge a un décor un peu différent ; les motifs animaliers étaient très prisés pour orner les marges des manuscrits persans de grand luxe au XVIe siècle, sous forme de silhouettes dorées, pour imiter les motifs d'étoffes ou de vases chinois. Ces motifs sont traités ici d'une tout autre façon, beaucoup plus naturaliste, dans l'esprit des bestiaires, fort recherchés par les souverains moghols du début du XVIIe siècle.
Le poème calligraphié obliquement au centre est un rubâ'i ou quatrain en persan : "Le coeur est une lampe qui tire sa lumière du visage de l'objet aimé, et (...) sa vie recommencera à cause du chagrin ; si à l'ermite de la ville on donne à goûter de ce vin, il ira au cabaret des mages et saisira la coupe.", signé du calligraphe persan Mîr 'Alî ; il s'agit sans doute de Mîr 'Alî Haravi, maître très fécond, actif tant à Hérât qu'à Samarqand, et mort à Hérat en 1544 ou 1545.
L'écriture nasta'liq est calligraphiée sur un papier coloré en gris-vert et se détache sur un fond de nuages avec un champ doré orné de volutes et de petites fleurs. Ainsi l'écriture est-elle mise en valeur par ce décor qui souligne le respect entourant cet art considéré comme particulièrement noble. Le cadre intérieur renferme des petites bandes avec des hémistiches d'un poème persan d'une autre main et en nasta'liq qui semblent avoir été découpés dans un manuscrit puis collés ici, avec une fonction essentiellement décorative, sans attention particulière au sens des vers.