Trois figures

Iran, Isfahan ?, 2/2 du XVIIe siècle
Signé : Mushaqahu Muhammad Ali Mosavver
Encre, or poinçonné, rehauts bleus sur papier apprêté et poudré d’or
Marge : papier poudré d’or
OA 7131 : H. : 11,8 cm ; l. : 4,7 cm
OA 7132 : H. : 11,8 cm ; l. : 4,5 cm
OA 7133 : H. : 11,8 cm ; l. : 4,7 cm
Musée du Louvre, legs G. Marteau, 1916
OA 7131, 7132, 7133

Ces trois dessins, de très petite taille, regroupés ensemble dans un même montage étaient à l’origine indépendants mais peut-être issus d’un même album. Trois autres dessins du même auteur, de même format, sont conservés au Louvre et firent partie de la collection assemblée par Georges Marteau, léguée au musée en 1916.
Les trois figures isolées, de fantaisie, sont de véritables archétypes de la beauté iranienne dans la seconde moitié du XVIIe siècle. Ils sont dressés sur un fond que l’on ne peut pas qualifier de paysage, si ce n’est, à l’extrême, pour le jeune échanson portant gobelet d’or et bouteille précieuse. Sa silhouette se détache sur un massif rocheux, traité comme une vague, faisant écho à l’inclinaison de sa silhouette. Ces silhouettes, en courbe, sont caractéristiques d’un style qui s’est développé à Isfahan, notamment autour de la personnalité de Reza-è Abbasi.
Muhammad Ali était lui-même fils de peintre. Il est connu pour ces petits dessins à l’encre dont un seul est daté de 1067 H/1656-1657.
Sur chacun des dessins les vaisselles d’or et tous les détails des vêtements ont été travaillés au poinçon avec une extrême minutie. Le papier a été apprêté puis semé de quelques particules d’or (zarafshan), technique plus habituellement réservée aux décors des marges. Ceci achève de donner aux pages un caractère de préciosité recherchée.
Les tenues des trois personnages sont caractéristiques d’un large XVIIe siècle iranien : le couvre-chef à bord relevé et bordé de fourrure est mis en vogue sous le règne de Shah Abbas mais continue à être porté sous le règne de ses successeurs, le col pointu et rabattu des vêtements masculins se développe sous l’impulsion d’une influence européenne. Quant au jeune homme à la veste doublée de fourrure, portant turban, il a été repris à l’identique sur un dessin récemment passé en vente, signé de Muhammad Qasim, un contemporain de Muhammad Ali, oeuvrant parfois aux mêmes manuscrits. Il est donc difficile d’attribuer à l’un ou à l’autre des deux peintres la paternité de cette petite composition.