Iran, Kermân ?, milieu ou 2/2 du XVIIe siècle.
Pâte siliceuse, décor champlevé sous couverte cobalt et glaçure incolore.
Musée du Louvre, dépôt du Musée des Arts Décoratifs
Ucad 11945

L’emploi du champlevé, qui creuse le motif, l’inscrivant dans la matière, donne de la vigueur et de la profondeur au décor. Les palmettes rumi étirées trouveraient bien des équivalents dans l’art diffusé à partir des naqqashkhane mais la composition et l’effet flottant qui en résulte ici est à notre sens sans équivalent.
Un cercle déformé par six lobes semble onduler sous l’effet de petites vaguelettes (deux sur chaque lobe, trois sur l’un d’eux) et d’une ponctuation blanche, étirant la forme vers l’extérieur. Elle flotte, intangible, sur un fond bleu moyen. Des « vaguelettes » sourdent de très fines tiges blanches portant une feuille à deux lobes pointus. Chacune d’entre elles se prolonge, dansante, par une ligne sinueuse qui forme une rosace demeurant ouverte au cœur du plat. L’équilibre parfait entre la composition géométrique sous-jacente et la palpitante souplesse du décor végétal atteint ici un sommet. La forme parfaitement lisse du plat met le motif en valeur ; l’absence de tout relief permet à la lumière de se diffuser sur la glaçure conférant un aspect presque immatériel à la pièce.
Ce chef-d’œuvre prend place dans une petite production de céramiques à décor champlevé sur une couverte colorée et sous une glaçure incolore très brillante. Aucune de ces pièces n’est datée mais elles se rapprochent d’un substitut plus élémentaire à décor d’engobe blanc peint sur la couverte et sous une glaçure transparente. Ces pièces sont attribuables au règne du souverain safavide Shah Abbâs II (1642-1666) et l’on peut considérer que les céramiques à décor champlevé sont sensiblement contemporaines.