Turquie, « Iznik », vers 1480.
Céramique siliceuse, décor peint sur engobe siliceux et sous glaçure siliceuse.
H. 7,5 cm ; D. (ouverture) 37 cm ; D. base 23,2 cm
Musée du Louvre, legs Charles Piet-Lataudrie, 1909
OA 6321

Vers 1470-80, les potiers de la ville d’Iznik commencent à produire des céramiques en pâte siliceuse de très haute qualité rivalisant par leur blancheur et leur brillance avec les porcelaines chinoises. Leur décor en réserve sur un fond bleu de cobalt s’inspire de porcelaines bleues et blanches de l’époque Yuan (1271-1368). La qualité de ces céramiques reflète les ambitions d’un mécénat de cour en demande croissante d’objets de luxe et de prestige.
Ce plat à marli éversé est décoré en cercles concentriques séparés par des listels blancs. Dans le médaillon central un entrelacs au mouvement dynamique et tendu, porteur de feuilles et demi-palmettes rumi délicatement ombrées s’organise en étoile à huit branches. Les trois anneaux successifs sont ornés de rinceaux ondulants ou spiralés aux fleurs hatayi charnues dérivées de motifs de pivoines ou de lotus des céramiques chinoises ; les pétales des fleurs nervurés aux extrémités retroussées ont été comparés à des « gants de boxe » ; ce motif très caractéristique de la première phase de la poterie d’Iznik est inspirée par les créations de Baba Nakkaş, dessinateur majeur du règne de Mehmet II dont la production nous est connu par des dessins. Des arts du livre, ce motif va passer aux autres arts, sculpté sur des boiseries contemporaines, ciselé dans le métal ou encore dans le cuir ; dans l’anneau médian du cavet, s’inscrit une ligne d’écriture kufique à hautes hampes dont les lettres sont reconnaissables mais dont le sens demeure indéchiffré à ce jour.