Céramique siliceuse, décor peint sur engobe sous glaçure transparente
Turquie, "Iznik", vers 1575-1580
H. : 27,5 cm ; D. ouverture : 14,5 cm ; D. base : 15,7 cm
Musée du Louvre, legs Charles Piet-Lataudrie, 1909
OA 6323

La forme cylindrique de ces chopes serait héritière de celles de leurs homologues originaires d’Europe du nord et de l’est servant à contenir de la bière, chopes déclinées en bois, céramique, métal, verre ou cuir ; mais on pourrait y voir l’interprétation d’autres contenants, en bois, comme les mesures à grains qui ont perduré des siècles. Les chopes ottomanes de céramique n’apparaissent qu’au cours du second quart du XVIe siècle. Il est probable que dans le monde ottoman ces chopes, également réalisées en jade ou en métal, contenaient aussi des boissons mais ils ont pu aussi servir de vases, comme l’atteste des miniatures sur lesquelles ils contiennent des bouquets de fleurs ; ils correspondraient à la catégorie « çiçek bardağı » rencontrées dans les archives ottomanes.
La forme a varié au cours du XVIe siècle. Vers 1575, la forme est plus massive, le corps de la chope est moins haut et étroit, l’anse restant plate et anguleuse et ses attaches, très longues, s’étendant sur toute la hauteur de l’objet.
Cette chope s’orne d’une flore naturaliste et caractéristique des années 70 et 80 du 16e siècle. On y reconnaît des roses, des tulipes, et des lys, différentes essences de fleurs alors cultivées et appréciées par les élites urbaines. Une même succession de ses fleurs apparaît ici par quatre fois, dans une régularité qui suggère l’emploi d’un poncif . Un jeu savant de superposition et d’entrecroisement des tiges achève de donner une profondeur à l’ensemble : la rose qui repasse devant la tige dont elle est issue, l’iris devant la tige des fleurs à six pétales, etc. Cette chope est dotée d’une monture métallique, procédé commun au monde ottoman et à l’Europe et souvent utilisé aussi, à la cour ottomane, pour les porcelaines chinoises.