Agenda du Louvre Décembre 2022 - Février 2023

7 événement Barthélémy Toguo La colonne centrale sous la Pyramide de Ieoh Ming Pei était destinée dès l’origine à recevoir une sculpture monumentale, afin de signaler, par une œuvre d’art, l’entrée dans le musée. La dernière installation date de 2018 avec l’œuvre Throne de Kohei Nawa. À l’automne 2022, Barthélémy Toguo élève sous le belvédère Le Pilier des migrants disparus . Les grands ballots colorés en tissus africains de Barthélémy Toguo sont magnifiques mais sa longue cordée de bagages improvisés avec des matériaux de fortune nous invite aussi à réfléchir à l’exil. Ce n’est pas la première fois qu’il fabrique de tels objets : nous les retrouvons en surcharge sur un bateau ou sur une chaise monumentale dans ses œuvres plus anciennes. Ils sont imaginés pour l’exposition «Les Choses » dans le hall Napoléon et dans ce musée chargé d’histoire, ils sont d’autant plus frappants de simplicité. Ils nous rappellent à leur façon ce que devient au quotidien notre histoire contemporaine traversée de tous les déplacements forcés de s réfugiés du monde qui tentent le voyage vers un monde habitable au péril de leur vie. Souvenir plus lointain de la traite et de l’esclavage ? Ils sont en tout cas les signes de toutes les trajectoires périlleuses d’hommes, de femmes et d’enfants qui fuient les guerres , la famine, la misère et les catastrophes écologiques. La Pyramide du Louvre devient l’écrin de verre où flottent ces ballots sans leurs maîtres auxquels on songera forcément. Accrochés autour d’un mât souple, ils forment une échelle de sauvetage que l’artiste veut opposer au cauchemar de l’histoire dont il ne peut se réveiller. Barthélémy Toguo a l’art de concilier beauté, émotion et engagement. Artiste camerounais, il est passé par les écoles des beaux-arts d’Abidjan, de Grenoble et par la Kunstakademie de Düsseldorf avant de vivre entre Paris et Bandjoun Station, où il encourage d’autres modes d’existence, le dialogue entre les arts du Nord et du Sud, le don de celles et de ceux qui veulent redonner au continent africain ce qui lui a régulièrement été volé. S’il ne veut pas nier la dimension politique de son art, il ne cherche pas à donner des leçons mais une nouvelle forme sensible au monde tel qu’il nous touche et nous révolte. Par Laurence Bertrand Dorléac Jusqu’au 23 janvier 2023 Belvédère sous la Pyramide Avec le soutien de HdM Gallery .

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