La Chaire du Louvre 2021

Nous habitons un monde qui n’a plus de centre. Les cartes familières ne correspondent plus aux réalités que nous vivons, qu’elles soient politiques, économiques ou climatiques. De tous côtés, les hiérarchies et les hégémonies établies – culturelles, épistémologiques, sexuelles, ethniques – sont mises en cause. L’idée qu’il existe des communautés distinctes au sein d’un même État est (re)devenue explosive : Amérindiens ou Afro-Américains aux États-Unis, « séparatisme » islamiste en France, etc. Partout les États cherchent à se doter d’une forte identité nouvelle (ou retrouvée), comme en Inde, en Russie ou en Turquie. La religion est (re)devenue une force politique incontournable. La notion d’identité à composantes multiples, prônée par le philosophe indien Amartya Sen en tant que donnée centrale de la tolérance humaniste, est partout contestée. On ne peut plus se contenter d’une histoire unique, qui s’imposerait à tous, uniformément, une histoire admise par les populations, autorisée par les gouvernements. Dans ce contexte, qui racontera les histoires particulières et contradictoires des communautés diverses ? Qui a le droit de les raconter ? Les grandes questions politiques s’invitent désormais dans les débats culturels. Quel rôle pour nos musées – et pour les monuments – dans ces tentatives visant à repenser notre société ? C’est la question qu’entendent poser cette série de conférences et l’ouvrage qui l’accompagne. Assemblage d’œuvres d’art de l’Antiquité, des temps anciens jusqu’à Phidias. James Stephanoff, aquarelle sur papier, 1845 (The British Museum) CC BY-NC-SA 4.0 © The Trustees of the British Museum À MONDE NOUVEAU NOUVEAUX MUSÉES

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