Dossier pédagogique Léonard de Vinci

13 L éonard était un artiste guidé par sa seule inspiration Dans l’imaginaire collectif, Léonard réunit tous les stéréotypes autour de la figure de l’artiste : solitaire, extravagant, voire excentrique, toujours happé par ses idées et ne suivant que son inspiration. Là encore, il faut nuancer cette vision un peu caricaturale. L’idée d’oisiveté créatrice, qui consisterait à ne pas avoir l’air de travailler, à être absorbé par ses idées et ses recherches et puis, soudainement, à accoucher d’une œuvre, ne correspond pas à la réalité ! Léonard a dû s’employer, comme tous les artistes de son époque, à satisfaire ses commanditaires, en réalisant les œuvres que ces derniers lui demandaient. Pendant toute sa vie, il a travaillé pour des riches bourgeois, des seigneurs, des ordres religieux et a été au service de différents princes et souverains, cherchant la situation idéale lui permettant de se consacrer à ses recherches en ayant le moins d’obligations possible. De Ludovic Sforza, duc de Milan, à la République de Florence en passant par César Borgia et jusqu’à François I er , Léonard a été avant tout un homme de cour. Et comme tout courtisan, il était chargé par ses maîtres de diverses activités : il peignait, il proposait, selon la demande, des projets pour des sculptures, des architectures, des machines et armes de guerre. Il mettait en scène des décors de théâtre, créait automates et costumes pour les fêtes princières, composait et interprétait chants et mélodies pour amuser la cour. Ses recherches, ses dessins et certaines de ses peintures étaient réalisés à côté de ses activités principales. Alors, pourquoi cette image de l’artiste à l’esprit toujours occupé par les idées ? Deux raisons ont contribué à la diffusion de cette image. - La vision que Léonard a de l’art : pour lui la création artistique n’est plus seulement une activité manuelle, comme cela était le cas jusqu’à la fin du Moyen Âge, mais avant tout intellectuelle. Même si cette conception s’inscrit dans la manière de penser de la Renaissance, Léonard l’a théorisée, et une de ses phrases les plus célèbres est passée à l’histoire : «La peinture est chose mentale. » L’esprit de l’artiste doit donc être occupé par les idées. Et pour laisser la place aux idées, il a besoin d’être libre de toute contrainte. Idéalement l’artiste devrait donc, selon Léonard, travailler le moins possible. Mais en pratique, il faut bien qu’il subvienne à ses besoins ! Voilà pourquoi il cherche pendant toute sa vie la protection d’un prince afin de garder du temps pour nourrir son imagination et donner forme à ses idées. - Léonard a souvent laissé ses œuvres inachevées : Léonard touchait à tout mais ne finissait rien! Cette image s’est forgée dès son époque, véhiculée par Vasari, l’historien de l’art qui a écrit la première biographie de l’artiste trente ans après sa mort, en 1550. Dans sa longue carrière, Léonard n’a produit en effet qu’une vingtaine d’œuvres (ou du moins, tel est le nombre des peintures que nous connaissons de lui). Et plusieurs ne sont pas terminées. Il faut dire qu’il a un niveau d’exigence extrêmement élevé : pour lui la peinture est une science et chaque œuvre qu’il produit doit être parfaite. Ceci l’amène à entreprendre pour chaque nouvelle création des recherches extrêmement poussées (en anatomie, botanique, géologie…). Sa recherche de perfectionnement dans l’exécution picturale peut ainsi durer plusieurs années.

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