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Plan de la recherche
2016-2020
Dernier appartement et dernier atelier
d’un des plus grands peintres français,
lemuséeEugène-Delacroix est undes très rares
ateliers d’artistes conçus par leurs occupants
eux-mêmes à avoir été conservés. Transformé
en musée, non par l’artiste et ses ayants
droit – comme c’est souvent le cas –,
mais par une communauté de peintres,
de collectionneurs, d’historiens d’art, dési-
reux – plus de soixante ans après la mort de
Delacroix –de lui rendre hommage, le lieu s’en-
richit d’une histoire singulière qui le distingue.
La rédaction du premier Projet scientifique et
culturel dumusée, en 2015, a permis de définir
et préciser les missions de l’institution, sa place
au sein de l’Établissement public du musée
du Louvre (EPML) et de la communauté
muséale, de déterminer les axes de son déve-
loppement académique.
Fondé à la fin des années 1920 par la Société des
Amis d’Eugène Delacroix, le musée Eugène-
Delacroix a été créé comme musée associatif,
soutenu, dès son ouverture, par l’État et la Ville
de Paris, accompagné par des conservateurs du
Louvre, dumusée du Petit Palais, de la maison
Victor Hugo. Présidée par le peintre Maurice
Denis, dont le rôle fut crucial, la Société s’était
donné pour mission de sauver et de restaurer
le dernier atelier d’Eugène Delacroix, rue de
Furstenberg, alors menacé de destruction. Le
peintre s’était installé en 1857 dans ces lieux,
proches à la fois de l’Institut – il venait, enfin, à
la septième tentative, d’être élu à l’Académie des
beaux-arts – et de l’église Saint-Sulpice, au sein
de laquelle il avait reçu, en 1849, la commande
des décors de la chapelle des Saints-Anges.
Bien que locataire, Delacroix avait effectué des
travaux très importants dans l’appartement et
le jardin ; il avait, surtout, fait construire, dans
le jardin dont il avait la jouissance exclusive,
un pavillon abritant son atelier. Il avait, malgré
le délai très court pendant lequel se fit son
installation, apporté un soin particulier à la
conception de ce lieu de création, comme au
décor de sa façade, ornée demoulages d’œuvres
antiques. Ne donnant que sur le jardin, où le
peintre recevait fort peu, cette belle façade fut
aussi une façade secrète et intime.
Delacroix s’éteignit le 13 août 1863 dans son
appartement de la rue de Furstenberg. Comme
il l’avait souhaité, une vente après décès disper-
sant toutes les possessions étant demeurées
dans son appartement et son atelier – hors
celles qu’il avait léguées à ses proches – fut
organisée à Paris en février 1864. Les lieux
– appartement, atelier, jardin – retournèrent
ensuite, vides, à leur propriétaire.
Pour la Société des Amis d’Eugène Delacroix,
créée plus de soixante ans après le décès du
peintre, l’enjeu de la collection du musée
Delacroix, désigné, dans un premier temps,
comme l’Atelier Delacroix, était un enjeu
crucial. Il convenait, en effet, pour assurer la
pérennité nécessaire à leur belle entreprise,
d’asseoir le lieu sur une collection, digne
de l’œuvre et du rayonnement de l’artiste.
Les moyens de la Société furent, malgré les
soutiens de l’État et l’organisation de plusieurs
expositions, à son bénéfice, à l’Orangerie
puis au Sénat, réduits. Ce fut grâce aux dons
de ses membres, de Paul Jamot et du baron
Vitta, que fut rassemblée une première collec-
tion, associant des peintures, des dessins, des
estampes et des autographes. En 1952, la mort
du propriétaire contraignit la Société à acheter
les lieux ; par un montage dont les conditions
de l’arrêt mériteraient encore d’être préci-
sées, la Société vendit à l’État ses collections
de peintures et de dessins – inventoriées au
département des Peintures et à celui des Arts
la constitution de la collection